La crise actuelle – la plus grave de l’après-guerre – nous oblige à nous interroger sur quelques changements essentiels, dans nos modes de vie et de pensée, pour un avenir meilleur. Autour de l’économiste humaniste Denis Clerc, le secteur de Belfort a organisé une conférence débat pour y réfléchir. Outre l’Europe et le climat, l’emploi est apparu comme un des principaux défis à relever.


Si le chômage progresse, ce n’est pas parce que l’emploi diminue. Certes, depuis 2008, il a diminué : la France a perdu 300 000 emplois. Mais, auparavant, elle en avait gagné bien davantage, si bien qu’en trente ans, malgré la crise, il y a presque 3 millions et demi d’emplois supplémentaires dans le pays. Si, malgré cela, le chômage a progressé, c’est en partie parce que le nombre de candidats à l’emploi a énormément progressé, de près de 5 millions. Mais cette explication ne suffit pas : en Allemagne, par exemple, le chômage a diminué malgré une progression aussi forte du nombre de candidats à l’emploi.

L’explication est ailleurs : au cours des 30 dernières années, le nombre d’emplois exigeant peu ou pas de qualification a diminué, alors que celui des emplois qualifiés (infirmières, comptables, informaticiens, soudeurs, enseignants, …) ou très qualifiés (chercheurs, médecins, ingénieurs…) a énormément progressé. Un jeune qui sort de l’école en situation d’échec scolaire pouvait espérer trouver du travail il y a 30 ans. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Or, sur les 800 000 jeunes qui sortent de l’école chaque année, 120 000 sont sans diplôme. La moitié au moins ne trouveront rien, sinon des boulots « bouche trou » : emplois aidés, CDD très courts, etc. Ils sont donc candidats à la délinquance ou à l’exclusion dans le pire des cas, à la « galère » dans le meilleur. Ne pas investir massivement dans la lutte contre l’échec scolaire, signifie que, dans 20 ans, nous aurons 2 millions de chômeurs de plus.

Joël Gabrieli

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