La 104e Conférence internationale du Travail à Genève a permis l’adoption d’une recommandation visant à encadrer les travailleurs évoluant dans le secteur informel, c’est-à-dire privés de tout droit du travail : ils représentent la moitié de la main-d’œuvre mondiale. Texte juridique dit « faible » car non contraignant, la recommandation est un simple document d’orientation pour les gouvernements :


sans volonté politique, elle risque de ne pas être très utile… Retour à chaud et à mi-conférence avant nombre d’ajustements et le vote la semaine suivante.

Les débats ont parfois achoppé sur des petits détails qui ont rendu difficile l’élaboration du document, par exemple sur l’emploi du mot « travailleur » au lieu du mot « employé » (en langue anglaise). Ces blocages ont surtout montré le manque de volonté politique de reconnaître le monde ouvrier (formel et informel). Certes les gouvernements se montrent à l’écoute mais au moment de prendre une décision, il n’est pas donné la moindre chance de rendre visibles les travailleurs du secteur informel. Cela a été particulièrement flagrant dans l’une des discussions tripartites : les travailleurs ont proposé de remplacer le terme « PME » (Petites et Moyennes Entreprises) par « coopératives », ce qui aurait permis de tenir compte des petites coopératives en tant que cellules économiques ayant besoin du soutien du gouvernement pour parvenir à la transition économique. Après une longue discussion et aucun consensus, le président du Conseil d’administration a procédé à un vote à main levée concernant ce changement de terminologie… qui n’a pas été accepté.

Ceci m’inspire une réflexion générale. Je pense en effet que le grand défi est la prise de conscience des travailleurs du secteur informel eux-mêmes : il leur appartient de prendre des initiatives pour se réunir, se mettre au courant des documents qui ont été discutés et de la recommandation qui en est issue. Cet outil, bien qu’il ne soit pas le changement structurel espéré, peut être un facteur de motivation pour que les travailleurs exigent plus de respect et de visibilité dans leurs propres contextes locaux.

Camila Jara Aparicio

Secrétaire générale du Mouvement international des étudiants catholiques (MIEC) qui est la branche « Fédération des mouvements étudiants » de Pax Romana ICMICA dont fait partie le MCC via le SIIAEC

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