L’Organisation internationale du Travail (OIT) a dressé un tableau pessimiste sur l’emploi et les questions sociales dans le monde dans son dernier rapport publié en janvier : « le chômage a augmenté l’an dernier et ce qui nous préoccupe encore plus est que cela va continuer cette année et en 2017 », a déclaré son directeur général Guy Ryder, inquiet des tensions sociales qui pourraient naître.


Le rapport montre que « les taux de chômage élevés persistants à l’échelle mondiale et l’emploi vulnérable chronique dans beaucoup d’économies émergentes ou en développement continuent d’affecter profondément le monde du travail » : en 2015, le nombre de chômeurs dans le monde a ainsi grimpé de presque 1 million pour atteindre 197,1 millions de personnes, soit un taux de chômage de 5,7 %. Par rapport à la situation avant la crise financière de 2007, le monde compte 27 millions de chômeurs en plus. Et cela devrait continuer à s’aggraver en 2016 car l’OIT s’attend encore à 2,3 millions de personnes supplémentaires au chômage et en 2017 encore 1,1 million de plus.

La situation sur le marché du travail est telle que « beaucoup d’hommes et de femmes sont contraints d’accepter des emplois peu rémunérés, dans les économies émergentes comme dans les économies en développement et aussi, de plus en plus, dans les pays développés ». Dans les économies émergentes et les pays en développement, ces emplois vulnérables concernent entre la moitié et les trois quarts de la population active, avec des pics en Asie du sud (74 %) et en Afrique sub-saharienne (70 %). L’OIT encourage vivement à « prendre des mesures d’urgence pour accroître le nombre d’emplois décents, sous peine d’aviver les tensions sociales ». Elle souligne aussi la nécessité d’entreprendre une réforme financière afin que « les banques remplissent bien leur rôle, à savoir acheminer les ressources vers l’économie réelle et les injecter dans des investissements qui concourent au développement des entreprises durables et à la création d’emplois ».

Enfin, pour ce qui est de la France, les experts de l’OIT expliquent le niveau élevé du chômage par l’augmentation importante des prix de l’immobilier depuis la fin des années 1990, ce qui a pesé sur les capacités d’investissement des entreprises.

Maylis Rech

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