« Les navires ont tous une aiguille marine (boussole), laquelle, étant touchée de l’aimant, regarde toujours l’étoile polaire… Que la barque s’en aille du côté du midi, l’aiguille marine ne laisse pourtant pas de regarder à son nord.

Ainsi… que la fine pointe de l’esprit regarde toujours à son Dieu, qui est son nord. Vous allez prendre la haute mer du monde ; ne changez pas pour cela de patron (cadran) ni de mât, ni de voile, ni d’ancre, ni de vent. Ayez toujours Jésus-Christ pour patron… que votre ancre soit une profonde confiance en lui…

Que tout se renverse sens dessus dessous, je ne dis pas seulement autour de nous mais en nous… que notre âme soit triste, joyeuse, en douceur, en amertume, en paix, en trouble, en clarté, en ténèbres, en tentation, en repos, en goût, en dégoût, en sécheresse, en tendreté, que le soleil la brûle ou que la rosée la rafraîchisse… il faut pourtant qu’à jamais et toujours la pointe de notre cœur, notre esprit, notre volonté supérieure qui est notre boussole regarde incessamment et tende perpétuellement à l’amour de Dieu ».

François de Sales (1567-1622), Évêque de Genève

Lettres (Beauchesne 1963)