Plus de 300 pages, neuf chapitres, 325 paragraphes. Amoris laetitia (La joie de l’amour), lettre apostolique sur l’amour dans la famille l’exhortation post-synodale du pape François sur la famille, parue le vendredi 8 avril, était très attendue.


S’inspirant des deux synodes tenus sur la famille en octobre 2014 et 2015, le souverain pontife, celui qui garde comme il l’indique « les pieds sur terre », réussit à conjuguer mises en perspectives, analyses et ouvertures pastorales sur un sujet de société. Quand le réalisme se conjugue avec le rappel des positions connues de l’Église catholique. Un rapide sondage dans quelques équipes parisiennes du mouvement m’a permis de constater que ce texte n’avait encore, pour beaucoup, été abordé que par le biais de quelques extraits lus ou évoqués dans les médias. Ce document mérite mieux qu’une lecture pressée ou seulement polie.

La méthode proposée a porté ses fruits en matière de réflexions pour aujourd’hui. « Le temps est supérieur à l’espace » indique dans son introduction (§3) comme principe de son action le Pape François. Dans le sens où « Tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles » (§3). D’où ce texte dense et inspiré par le quotidien tout en s’inscrivant dans la tradition expliquée « sur l’amour dans la famille ». Le titre du chapitre 8 traduit tout particulièrement le cœur de ces pages où il s’agit « D’accompagner, discerner et intégrer la fragilité ».

En ces domaines comme dans d’autres le pape appelle à une Église attentive qui, par l’expression de sa compassion et de sa sollicitude, témoigne que Dieu ne laisse personne sur le bord du chemin. Intégration en est le mot clé. Pour faire écho au thème du prochain congrès le pape invite à ré-apprivoiser le temps pour en savourer la portée. « Temps de la grossesse, de l’enfance, temps des fiançailles, de la maturité affective ou du célibat, temps du discernement, du veuvage.. Temps aussi à maîtriser pour ne pas reporter indéfiniment son mariage, pour ne pas le rompre trop vite, pour savoir aussi arrêter un deuil ou simplement éteindre un écran. » Quand la joie est de tous les temps.

[/Robert Migliorini, aumônier Paris/]

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