Les travaux de la 103ème session de l’OIT en juin 2014 sont révélateurs des évolutions macro-économiques, géopolitiques et sociétales qui traversent le monde du travail à l’échelle mondiale. Un point particulier mérite notre attention : il concerne le lien désormais acquis entre les phénomènes migratoires, les problématiques de l’économie informelle et celles du travail forcé.


C’est une grande victoire pour tous les militants d’une approche juridique intégrée qui veut combiner ces trois dimensions. Le travail forcé, en tant que nouvelle forme d’esclavage moderne, concerne les réseaux de prostitution, le travail domestique ou toute forme de travail aux conditions les plus dégradantes et non conformes au principe de dignité.

Quant au travail informel, loin d’être le lot spécifique des pays du Sud, il tend à se développer dans les zones grises des banlieues du Nord. En effet, les populations migrantes, parce qu’exclues de l’accès au travail, sont à la fois acteurs et victimes de ces trafics en tous genres. En outre, chassés de leur pays par la pauvreté, les migrants se trouvent souvent embarqués, contre leur gré, par les réseaux de passeurs dans des situations qui s’apparentent soit à l’économie informelle soit dans le pire des cas au travail forcé. L’eldorado du Nord se transforme vite en cauchemar, tant l’engrenage de la mendicité, de la prostitution ou du travail forcé qui caractérise cette économie de survie, vient fragiliser les rêves d’un avenir meilleur.

Seules la mise en œuvre d’un accompagnement responsable des politiques migratoires, la lutte vigoureuse contre le travail informel au Sud et la condamnation ferme de tous les types de travail forcé, pourraient rompre à terme cet engrenage de la pauvreté.

Les nouveaux textes discutés et pour certains adoptés au cours de cette session marquent une véritable avancée dans la prise de conscience. À nous de faire vivre ces instruments juridiques pour leur donner une pleine effectivité.

Geneviève Iacono

Lire le rapport de l’OIT sur travail forcé en date du 20/05/2014 « Profits et pauvreté : la dimension économique du travail forcé »