« Que c’est beau ! S’éveiller à l’art, c’est veiller à soi » : notre week-end des 11 et 12 mars à Dourgne a été l’occasion de changer de perspective. S’interroger sur la place de la beauté et de l’art dans notre vie, certains ne se sentaient pas forcément interpellés au départ ! Pourtant cette proposition de découvertes et de rencontres s’est révélée une invitation au voyage intérieur, un stimulant original de la qualité spirituelle de nos vies.


La tradition ignatienne, attentive aux sens dans la prière, ne cesse de nous questionner sur le goût et la beauté de nos vies. Je retiens le partage possible entre nous des puissantes émotions provoquées par la beauté de la nature ou dans l’art. Déclencheur d’émotion et d’interrogation, l’art m’aide à mieux me connaître en me confrontant à la culture de l’autre. Évoquer l’art comme un hymne à l’acceptation de la différence, une ouverture à l’altérité résonne fortement en moi dans notre temps tenté par le repli sur soi.

Le point fort du week-end fut la rencontre avec Sr Mercedes, bénédictine vivant avec bonheur ses deux vocations religieuse et artistique. Elle nous frappe par sa gaîté et son humilité. Nous fait remarquer que dans la règle « ora et labora », ora apparaît deux fois, ce qu’elle traduit en « prie et travaille en priant ». Sr Mercedes nous parle du lien intime entre la prière et la création artistique : pas de travail de création sans respiration de l’âme. À travers ses sculptures, un seul message : dire l’amour infini du Père, gommer la peur de Dieu.
Que pouvons-nous reprendre à notre compte dans nos contextes de vie ?
Beaucoup. Parler de ses collègues comme une fraternité où chacun jouerait sa partition avec les autres sous le regard de Dieu à la recherche de l’harmonie !
L’humble référence au Ps 89 « consolide l’ouvrage de nos mains».
Sr Mercedes nous incite aussi à veiller à soi dans la profondeur de soi, à trouver et goûter de son Violon d’Ingres. L’art peut nous aider à explorer son intériorité, là où je suis moi, je respire et goûte le silence. Et dans cet espace intérieur, la parole de Dieu peut résonner et me parler.

[/Luc Pouliquen /]