Pour les auteurs de ce livre (chercheurs, enseignants, doctorants) l’écologie est une question qui vient interroger la théologie chrétienne. Ils nous invitent à considérer l’homme comme une créature en relation et interdépendance avec son environnement et toutes les créatures. À modifier aussi notre perception de l’homme comme ayant tous les droits sur le monde et ses créatures.


Ecologie chrétienne ? Oui, car les atteintes à l’environnement et aux créatures vivantes relèvent du péché de l’homme. Agir pour moins de misère sur terre et protéger cette dernière sont intimement liés car après la création, « Dieu vit que cela était bon »… Aux chrétiens d’apporter un supplément d’âme à l’engagement écologique. Le divorce entre chrétiens et écologistes – qui accusent les chrétiens d’être responsables de la crise écologique – semble bien consommé, mais les derniers papes se sont engagés en faveur de la sauvegarde de la création.
Pour l’Islam le monde est signe de la présence divine. Le Taoïsme invite à vivre dans son corps la relation avec la nature, l’Hindouisme promeut une empathie universelle entraînant la non-violence. Nous avons à écouter ce que nous disent de Dieu ces différentes religions… d’autant que les Pères de l’Église estiment qu’il existe une solidarité du Christ avec la création et que sa supériorité appelle l’homme à la responsabilité vis-à-vis de celle-ci. Quant à Jean Paul II, il considère la crise écologique comme rupture d’une harmonie ouverte à la volonté divine et précise que la survie de l’humanité dépend de l’attention accordée à la création. Celle-ci exige-t-elle un refus d’agir au sens productif du terme ? Il s’agit au moins d’œuvrer mieux, le défi étant de nourrir 10 milliards d’êtres humains en 2050.

Les deux derniers chapitres interrogent la médecine : doit-elle devenir plus écologique, pensant l’existence humaine comme fragile du fait de son interdépendance avec l’environnement ? Ceci transformerait la façon de penser tout acte thérapeutique. Et puis le défi de l’aujourd’hui eschatologique serait-il de combler l’abîme d’ignorance et de myopie entre sociétés riches et pauvres où les premières exportent leurs industries polluantes et d’anticiper le cataclysme annoncé ?

Bernard Chatelain

Avec les créatures – Pour une approche chrétienne de l’écologie

sous la direction de Jean Marie Gueullette et Fabien Revol, Cerf 2015, 216 pages- 9 €