La situation actuelle de notre société est complexe : la vie économique ne semble pas vouloir repartir, du moins pas suffisamment ; la vie politique est confrontée à une nouvelle donne qui n’est pas sans inquiéter bon nombres de personnes; la vie sociale, secouée par les attentats récents, a du mal à trouver des repères pour la construction d’un vivre ensemble apaisé ; la vie religieuse elle-même cherche sa place dans la vie de notre pays ; …

Il pourrait être tentant de baisser les bras. Combien de fois ai-je entendu le repli individualiste justifié par l’impossibilité d’agir sur les structures ? Et quand bien même il peut y avoir parfois de grandes déclarations, voire de très grandes manifestations, on ne peut être que frappé de constater qu’elles n’influent guère sur le nombre de personnes qui s’engagent concrètement au service du bien commun.

Dans quelques jours, nous fêterons Pâques. Notre Dieu, en Jésus, a pris chair de notre chair. Il est venu partager notre vie jusque dans nos morts pour que nous partagions sa vie jusque dans sa résurrection. Tout l’Évangile est là : « Cet homme Jésus, vous l’avez mis à mort, Dieu l’a ressuscité, Il est vivant, Il est Seigneur ! » Tout l’Évangile est là : non pas une morale, mais une puissance, la puissance même de la résurrection, du Ressuscité qui, dans l’épaisseur de nos existences, vient ré-ouvrir l’avenir.

La foi en la résurrection n’est pas seulement pour demain, elle est pour aujourd’hui. Elle n’a rien de magique, elle est pourtant la puissance anti résignation. Si je ne peux pas tout, voire pas grand-chose, je sais que par Jésus, avec Lui et en Lui, tout acte bon a toujours un sens, et que dans la grâce de sa résurrection je peux toujours repartir, oser avec les hommes et les femmes de bonne volonté des chemins nouveaux…

Se résigner, pour un chrétien, c’est finalement apostasier. C’est dire, par les actes, que Christ n’est pas ressuscité, que la mort n’a pas été vaincue et que la grâce de l’avenir ne nous est pas donnée par Dieu Lui-même.

Alors, laissons-nous bousculer. Belle montée vers Pâques !

Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens

évêque accompagnateur du MCC