La question de l’alimentation – de la production à la consommation – concernait-elle le thème central du Congrès ? C’est ce qu’a osé la région Bretagne en proposant aux congressistes de s’interroger sur l’impact de nos modes d’alimentation sur l’agriculture.


Jean-François Tharrault, professeur et chercheur à UniLasalle, a montré l’évolution de la consommation alimentaire en 50 ans. Si des éléments restent stables (temps consacré à la cuisine, rituel des 3 repas), notre nourriture est moins diversifiée et utilise plus de produits transformés pour des repas plus rapides. Côté dépenses alimentaires, la courbe a baissé de façon très importante à partir des années 60 (de 30 % à 18 % des budgets familiaux) et remonte depuis 2005. Les consommateurs recherchent à la fois le moins cher, le plus proche et la qualité du produit (traçabilité). Le chiffre d’affaires du bio a par ailleurs été multiplié par 5 entre 1999 et 2014.

Pour Christophe Baron qui a lancé une production laitière bio de 85 vaches laitières en 2001, les enjeux agricoles du XXIè siècle sont les suivants : nourrir 9 milliards d’humains, lutter contre le réchauffement climatique, consommer ou produire de l’énergie, s’alimenter pour être en bonne santé. Conscient de la nocivité des pesticides, il a fondé une coopérative (Biolait) qui compte 1000 fermes, et organisé une distribution via les enseignes traditionnelles du bio en l’élargissant aux grandes surfaces.

Cette intervention a été suivie par le témoignage vidéo de Pierre Boulic dans sa ferme du Finistère. Il a décrit la réalité de nombreux producteurs de lait : en 2014 un litre de lait lui était payé 36 centimes, 28 centimes aujourd’hui alors que le coût de production s’élève à 34 centimes et que le coût au consommateur n’a pas baissé. Où va la marge ? Comment un jeune peut-il s’installer dans ces conditions ? Ce témoignage nous a fait percevoir souffrances, espoirs, incertitudes, projets de nombreux agriculteurs.

Les enjeux de l’agriculture de demain relève des enjeux de l’agriculture équitable : l’élaboration d’un produit de qualité, sain, tracé, qui rémunère à leur juste mérite le travail du producteur, du transformateur et du distributeur. Ce triptyque vertueux engage le consommateur à oser un prix légèrement plus élevé pour s’assurer d’une alimentation qui devienne l’un des premiers facteurs de santé publique de demain.

[/Bernard Mercier, participant/]

Évolution de la consommation alimentaire en France, Jean-François Tharrault