Certains travaillent à clarifier les marchés à terme en exigeant de pouvoir en identifier les acteurs ; ces marchés à terme sont indispensables pour permettre aux entreprises de s’affranchir des conséquences de la volatilité des prix, mais lorsque les volumes qui y sont échangés représentent plusieurs dizaines de fois les volumes réellement disponibles, il y a une bulle qui amplifie cette volatilité, et le devenir d’une bulle, c’est d’éclater ; un enfant de 2 ans le sait.


D’autres se battent (le mot est juste) pour éviter la désindustrialisation, contre des décisions de délocalisation justifiées par une rentabilité à court terme, ne prenant en compte ni les coûts de transport appelés à augmenter, ni l’impact environnemental de ce transport, ni l’augmentation des coûts de la chaîne logistique, ni le coût social (financier et surtout humain).

D’autres essaient d’imaginer des modèles d’entreprise qui intègrent la diversité des profils : jeunes et seniors, handicapés et bien portants, français et expatriés… assurés que c’est dans la différence acceptée que la créativité s’exprime.

D’autres inventent et mettent en œuvre de nouveaux concepts associant biens et services : l’usage du bien peut se substituer à la possession du bien lui-même : voilà qui peut relocaliser l’emploi (maintien de l’usage), changer radicalement notre rapport d’addiction aux biens et modifier notre modèle de croissance fondé sur le renouvellement accéléré des biens jetables.

D’autres inventent le concept de bien partagé qui outre le sevrage par rapport à cette addiction, crée du lien, limite l’exclusion des pauvres de ce partage, et ralentit la destruction de matières premières dont certaines deviennent rares : énergie, eau, certains métaux…

D’autres travaillent à développer l’autosuffisance alimentaire dans les pays qui souffrent de la faim, plutôt que de produire des fleurs et des aliments hors saison pour les pays riches, et inventent pour cela des plantes adaptées à ces pays.

D’autres travaillent à harmoniser les réglementations entre pays pour éviter le dumping social ; cela répond à une double nécessité : ne pas abandonner la dignité humaine et limiter les distorsions de concurrence.

Il faudrait aussi identifier des expériences d’épargne solidaire notamment sur la façon de maîtriser l’utilisation de l’argent dont nous (les cadres plus particulièrement) disposons au-delà de nos besoins immédiats.

Bien sûr ce ne sont là que quelques axes et il s’agit d’identifier des expériences innovantes qui permettent de changer de direction. La démonstration n’est plus à faire car elle est faite tous les jours à chaque information : si l’argent peut être un bon serviteur, il est toujours un mauvais maître et les chrétiens n’ignorent pas cela. Il s’agit de remettre l’argent à sa place : celle d’un outil et non d’un but et cette rupture colossale, implique de changer nos modes de vie, d’identifier ce avec quoi il nous faut rompre pour pouvoir partager.

Ludovic Salvo,
responsable national