Peu après son accession au trône pontifical, Jean-Paul II parlait de l’urgence à sensibiliser les fidèles à la doctrine sociale de l’Église. Pour ceux qui la connaissent mal, le livre de Baudoin Roger, enseignant en morale sociale à la faculté Notre Dame et au Centre Sèvres, aumônier des Jeunes Professionnels de Paris, permettra de comprendre l’histoire de ces documents et de juger de leur pertinence aujourd’hui.


Dans la morale juive, la morale sociale avait déjà une place centrale et les prophètes en dénonçaient inlassablement les violations. Le Christ, lui, privilégie l’amour qui transcende la justice, invite à donner l’argent, fait la distinction entre Église et État, insiste sur l’égale dignité des personnes. L’Église quant à elle, s’engage dans la pratique de la charité dès qu’elle sort des catacombes et les Pères de l’Église développent la question sociale.

Les encycliques pertinentes sont passées en revue. Rerum novarum (1891) marque un tournant en traitant pour la première fois des relations économiques et des enjeux moraux associés. Quadragesimo anno (1931) fait des propositions novatrices en matière de relations entre capital et travail. Dans Pacem in terris (1963), Jean XXIII énonce les droits de l’homme, individuels, liés à la famille, économiques, sociaux et civiques. Selon lui, les relations internationales doivent être régies par la vérité, la justice, la solidarité et la liberté, toujours inséparables du bien de toute l’humanité.

Vatican II et Paul VI prolongeront la réflexion sur la dignité de la personne humaine, la communion des personnes, la nécessaire transformation des structures et conversion des cœurs, les modalités d’un développement humain intégral et solidaire.

Jean-Paul II souligne l’importance de la créativité, de l’initiative, de la responsabilité personnelle et prône un engagement concret de solidarité et de charité, renvoyant dos à dos la société de consommation comme la société marxiste qui réduisent l’homme à la sphère économique et à la satisfaction des besoins matériels.

Enfin, pour Benoît XVI dans Caritas in Veritate, la charité, don de Dieu, doit s’incarner dans une réelle communion entre les hommes. Don et gratuité sont nécessaires au fonctionnement des institutions sociales et économiques.

Bernard Chatelain

Doctrine sociale de l’Église, Une histoire contemporaine

Baudoin Roger, Cerf 2012, 330 pages – 29 €

Quelques encycliques en lien:

— Rerum novarum

— Quadragesimo anno

— Pacem in terris