En accompagnement du travail de réflexion sur l’avenir du mouvement, La Lettre ouvre ses colonnes à des réflexions ou témoignages de ses lecteurs. Nous publions, ce mois-ci, Robert Botteghi, ancien responsable régional PACA qui nous livre son expérience au contact des jeunes diplômés. Son témoignage est emblématique du nécessaire renouvellement de la proposition du MCC.


Durée de l’entrée en professionnalité, précarité des statuts caractérisent les jeunes diplômés, confrontés à des conditions de travail qui les interpellent au plan de l’éthique et des valeurs du management. Question de génération, les jeunes diplômés exercent par ailleurs des métiers que leur entourage familial, amical, voire professionnel connaît mal. Ils sont souvent à la recherche d’un accompagnement durable capable de comprendre leurs enjeux de métier, de les aider à discerner dans leurs choix. Pour ces jeunes diplômés, en quoi le MCC est-il une proposition pertinente ? Reprenons les trois dimensions du MCC.

M comme un mouvement ? Cette génération nombreuse, impatiente, souvent inquiète, parfois désemparée, est en distance par rapport aux pouvoirs établis, aux organisations collectives, perçus comme les signes d’une époque révolue. Une nouvelle articulation entre désir individuel de liberté et solidarité collective, fondée sur d’autres modernités, se dessine, avec la recherche d’autres manières d’être ensemble, dont la figure du « réseau » est la plus visible. Ce rapport à la modernité contemporaine nous interpelle. Pour le MCC, il s’agit moins de savoir si nous sommes « modernes » que de déterminer dans quelles expressions de la modernité nous nous reconnaissons et nous voulons nous engager. C’est aussi là que se joue le dialogue intergénérationnel.

C comme chrétien? La distance prise par cette génération par rapport au fait religieux est prégnante. Nous sommes désormais en présence de la génération issue de la « sécularisation contemporaine » dont le christianisme, dit-on, serait un des premiers perdants. Dans ce contexte, le MCC doit éviter la tentation de se définir davantage par ce qu’il rejette que par ce qu’il est. La recherche par les jeunes diplômés d’une cohésion interne qui donne sens à leur existence est bien présente. La dimension « prophétique » du christianisme doit être au centre de nos confrontations dans le discernement sur nos nouvelles orientations.

C comme cadre? La notion de cadre ne constitue plus un horizon de promotion sociale et encore moins une ambition. Elle devient même obsolète au plan du statut comme de l’appartenance. L’approche métier se substitue à celle de cadre. Ses appartenances collectives relèvent de moins en moins de catégories sociologiques et de plus en plus par celles des modes de vie (relation aux technologies dont celle de la communication), des rythmes de vie (nomadisme) et des lieux de vie (urbain/suburbain) par exemple.

Notre mouvement est interpellé par ces diverses dimensions de la modernité. Saura-t-on collectivement y répondre ? Et comment ? Certes le christianisme échappe, par la conscience humaine et la parole divine, au relativisme des identités, des appartenances, des mœurs et des coutumes. Mais nous devons agir dans ce monde et « la question est de savoir si le mouvement de sécularisation est juste. Où la foi peut-elle et doit-elle s’approprier les formes de modernité ? Et où doit-elle leur opposer de la résistance ? » (Benoît XVI, Lumière du monde, Bayard, 2010, p. 83-84)

Robert Botteghi

Relire également «Qui sommes-nous? De quoi sommes-nous porteurs? » dans La Lettre n° 15-décembre 2011