Animée par Mathilde Hallot-Charmasson du podcast Des femmes et un Dieu, cette conférence a fait débattre Laurence Debroux, HEC, ex directrice financière, membre de conseils d’administration de Novo Nordisk et d’Exor, équipière MCC, et Marc Rastoin, sj, spécialiste du judaïsme, professeur au Centre Sèvres à Paris, autour de la question  : « Comment faire droit dans l’économie et dans l’Église à la spécificité féminine sans tomber dans l’essentialisme, c’est-à-dire dire que toutes les femmes sont douces et tous les hommes, violents ? ».

Laurence Debroux cite le Christ dans Mt 10,16 : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ». Le vocabulaire de l’entreprise est souvent un vocabulaire guerrier qui valorise la force brute ; pourtant si on recrute des femmes, on doit les laisser progresser. Pour elle, les entreprises doivent aussi veiller à l’intégration du corps et de l’esprit (maternité, ménopause, etc.). Pour faire carrière, les femmes doivent faire corps avec d’autres. Elle-même confie qu’elle n’aurait pas été membre de conseils d’administration sans la politique de quotas de femmes dans ces instances, instaurée par la loi Copé-Zimmermann en 2011. Pour pouvoir travailler en confiance avec ses collaborateurs, Laurence Debroux révèle qu’elle doit percevoir en eux les enfants qu’ils sont et leur montrer l’enfant en elle, en une sorte de mise à nu.

Marc Rastoin rappelle que le dominicain Philippe Lefebvre a souligné qu’Anne, la mère de Samuel, est la première personne femme à prier dans la Bible et à parler de résurrection. Daniel Boyarin, juif orthodoxe et historien, a dit que l’homme du Talmud est une déconstruction de l’homme antique gladiateur : l’homme juif a développé son féminin. La Bible est certes un livre patriarcal mais c’est une femme, Bethsabée, qui fait changer le roi David. L’image de Marie-Madeleine prostituée date du 7eme siècle. Aucun des disciples hommes n’a été guéri par Jésus, ce qui explique qu’ils ne furent pas témoins de la résurrection contrairement à elle qui a cru que Dieu, qui l’avait guérie, avait le pouvoir de sauver Jésus dans son corps.

Priscille de Poncins, équipière CVX