Livret du MCC

Travail collectif impliquant une vingtaine d’équipes MCC

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Les neufs principes de la doctrine sociale de l’Eglise vus par le MCC

La pensée sociale chrétienne – ou Doctrine Sociale de l’Église – est la sédimentation de la sagesse pratique des chrétiens dans le monde. Les membres du MCC, en relisant régulièrement les responsabilités qu’ils exercent à la lumière de leur foi, en font une expérience particulière.

Les membres du MCC vivent la doctrine sociale de l’Église comme M. Jourdain fait de la prose sans le savoir ! En essayant de vivre leur foi dans le monde professionnel, en y mettant des mots par la relecture en équipe, les équipiers se donnent des repères pour agir selon l’Évangile. S’ils en font la norme de leur action, et s’ils réussissent à convaincre leurs pairs à faire de même, leur expérience peut faire école. Pendant ses 130 ans d’histoire, le Mouvement a même cherché des arbitrages du magistère, en organisant des congrès et publiant avec d’autres mouvements des manifestes. Comme la jurisprudence finit par dessiner la doctrine juridique, on peut voir ce que l’Église appelle « doctrine sociale » comme une sédimentation de la sagesse pratique qu’elle développe, c’est-à-dire une pensée tournée vers l’action, destinée à être sans cesse précisée et mise en œuvre.

L’Église cherche à transformer le monde, individuellement et collectivement. A l’époque moderne, les catholiques sociaux se sont mobilisés très tôt dans des actions de solidarité au point que le pape Léon XIII écrive une encyclique sur les excès du capitalisme et les utopies du communisme (Rerum Novarum, 1891). En sont nées de nombreuses encycliques sociales. De ces encycliques, de manière inductive, l’Eglise a identifié quelques principes :

  • La dignité est à la fois le « sentiment de la valeur intrinsèque d’une personne ou d’une chose, qui commande le respect… et la prérogative (charge, fonction ou titre) acquise par une personne (un groupe de personnes), entraînant le respect et lui conférant un rang éminent dans la société.
  • Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action.
  • La solidarité : s’appuyant sur le constat que nous sommes interdépendants, la solidarité invite à assurer le soutien mutuel des membres d’une communauté humaine ou plus largement biotique.
  • Le bien commun est le patrimoine d’une communauté, au sens spirituel et moral du mot comme au sens matériel et pratique (ce dont on dispose ou ce qu’on possède).
  • La destination universelle de biens : toute femme et tout homme a le droit de trouver dans les biens de la terre de quoi vivre, et vivre bien (pas seulement le « minimum vital »). Dieu nous confie la responsabilité de faire fructifier les biens de la terre pour tous : ceux qui vivent aujourd’hui, mais aussi ceux qui vivront dans l’avenir.
  • La participation est l’engagement volontaire et généreux de la personne dans les échanges sociaux. Il est nécessaire que tous participent, chacun selon la place qu’il occupe et le rôle qu’il joue, à promouvoir le bien commun. Ce devoir est inhérent à la dignité de la personne humaine.
  • L’option préférentielle pour les pauvres : à la suite du Christ , l’Église est invitée à exercer un amour de préférence à l’égard de ceux qui sont dans le plus grand besoin, tant par des actions individuelles que par des changements structurels. Ce souci du plus pauvre manifeste le désir de rejoindre et défendre tout homme sans exclusive.
  • La justice est un principe philosophique, juridique et moral fondamental : suivant ce principe, les actions humaines doivent être approuvées ou rejetées en fonction de leur mérite au regard de la morale (le bien), du droit, de la vertu ou de tout autre norme de jugement des comportements.
  • La charité est un principe théologique qui articule les autres principes. Elle manifeste l’amour de Dieu, y compris dans les relations humaines. “Elle donne une valeur théologale et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde.” (CiV 6)

Ces principes de morale sociale guident l’action de chacun dans la société, et plus particulièrement dans le monde politique, social et économique. Ils puisent leur origine dans la parole de Dieu et dans la tradition de l’Église, et notamment dans sa théologie : leur origine est en Dieu. Ils structurent une pensée pour l’action commune à tous les chrétiens, une doctrine au sens juridique du mot. « Toute la communauté ecclésiale – prêtres, religieux et laïcs – concourt à constituer la doctrine sociale, selon la diversité des devoirs, des charismes et des ministères en son sein. » (Compendium N° 79.)

L’articulation de ces principes de la doctrine sociale de l’Église est présentée par le schéma ci-dessous. À la base du schéma, la dignité de la personne humaine est posée comme socle. Elle reflète le choix du Christ révélant la dignité des enfants de Dieu pendant toute sa vie jusqu’à sa mort. Avec Lui, elle pointe vers l’option préférentielle pour les pauvres : leur dignité dépend de la mise en œuvre des sept autres principes. Elle est bordée d’un côté par le principe de subsidiarité, de l’autre, par le principe de solidarité. Ces deux principes sont complémentaires : selon le principe de subsidiarité, toute décision doit être prise par les parties prenantes qui en assument la mise en œuvre et la responsabilité. C’est pourquoi ce principe est intimement lié au principe de participation, autre expression de la dignité de la personne humaine dans la sphère politique et économique. Mais la décision n’est justifiée que si elle engage la solidarité avec d’autres groupes. Certes le principe de subsidiarité garantit l’autonomie des groupes qui décident au plus près du terrain, mais sa mise en œuvre n’est justifiée qu’en visant une solidarité plus grande.

Au centre du schéma, le principe de justice est posé comme en équilibre sur l’option préférentielle pour les pauvres, sommet de la dignité, appuyé d’un côté sur la subsidiarité (et la participation) et de l’autre la solidarité, équilibrant bien commun et destination universelle des biens. En d’autres termes, aux yeux de l’Église, toute initiative est considérée comme juste si elle respecte les pauvres, encourage leur initiative et se montre solidaire. La subsidiarité et la participation doivent de plus viser le bien commun, c’est-à-dire « le bien du nous tous », horizon jamais atteint du politique. De même, la solidarité n’est réelle, que si elle met en œuvre le destination universelle des biens, condition matérielle de la justice sociale.

 

L’Union des Ingénieurs Catholiques (UIC) a été fondée en 1892 pour mettre en œuvre Rerum novarum, la lettre de Léon XIII qui demande aux chrétiens de s’engager dans la question sociale. Leurs réflexions et leurs actions, arbitrées par les évêques, les papes et le concile, se sont sédimentées dans ce qu’on appelle maintenant la Doctrine sociale de l’Église (DSE). Les papes parlent de doctrine au sens juridique du terme, c’est-à-dire une pensée pour l’action. Ce trésor est dans l’ADN de ce qui deviendra le MCC : les membres la mettent en œuvre parfois sans le savoir.

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