A partir de 1990, le libre échange, l’idéologie qui nous gouverne, a commencé à déployer ses ses facettes les plus crues : chômage de masse, crises, enrichissement scandaleux de certains, basculement des classes moyennes dans la précarité, destruction des agricultures du tiers monde, dictature de l’OMC qui interdit le recours même justifié au protectionnisme.


Et qui aurait pu croire, en dehors des économistes «bien pensants» et des profiteurs du système, que les pays émergents se cantonneraient dans les fabrications sans valeur ajoutée et ne se lanceraient pas dans les activités de conception? Il est de plus en plus évident que la mondialisation n’apporte pas les gains qu’on nous avait fait miroiter et nous mène droit dans le mur.

Il est urgent d’abattre ce système et de promouvoir un certain protectionnisme, pour permettre de recréer des industries locales, diminuer les risques climatiques, l’esclavage des enfants, le travail forcé de prisonniers et notre propre paupérisation.

La plus grande manipulation est celle qui provient des taux de change qui crée en réalité de vraies barrières commerciales : la Chine triche avec sa monnaie sous-évaluée ! Compte tenu des engagements pris auprès de l’OMC, la mise en place de droits de douane est toutefois difficile. Les auteurs proposent donc de créer des « écluses » proportionnelles aux manquements aux engagements des pays par rapport aux règles du BIT, au non respect des droits de l’homme et à la sous-évaluation de la monnaie. Pour que ces écluses soient acceptées par les États, les revenus seraient destinés à contrôler l’application des réglementations et à financer les programmes d’aide au développement dans les pays pauvres et émergents, permettant une harmonisation sociale et fiscale par le haut. Elles favoriseraient enfin une coopération régionale en Europe et au-delà.

Au final, loin de prôner un protectionnisme de repli, les auteurs proposent des pistes pour rééquilibrer dans un sens plus vertueux les échanges mondiaux, afin que la loi commerciale ne prime pas sur les autres normes internationales comme celles de l’OIT.

Bernard Chatelain

Inévitable protectionnisme

Franck Dedieu-Benjamin Masse-Stamberger-Adrien de Tricornot, Gallimard Le Débat 2012, 244 pages – 17,90 €