Les média ont montré des images de Japonais en liesse à l’annonce de l’attribution des Jeux Olympiques 2020 à Tokyo, mais cette candidature ne faisait pas l’unanimité.


Imprimer cet article “Cet argent serait mieux consacré à reconstruire la région dévastée par le tsunami” : tel était l’avis unanime des Japonais que j’ai rencontrés là-bas cet été. On ne cesse en effet de parler de la centrale nucléaire de Fukushima, alors que les victimes du tsunami sont oubliées depuis longtemps.

Ils sont pourtant des milliers à vivre et travailler aujourd’hui encore dans des bâtiments provisoires de chantier en acier, torrides l’été et glaciaux en hiver. Cela devait durer au plus deux ans, et cela s’éternise. A part les ports et quelques maisons ça et là reconstruites par leurs propriétaires, c’est une surréaliste friche de centaines de kilomètres de long que j’ai vue cet été le long du littoral : il ne reste que la trace des fondations de villes disparues, rasées à dix centimètres du sol.

Construire une muraille de béton pour protéger la côte comme cela a été fait ailleurs, anéantissant ainsi l’attrait touristique et la pêche qui étaient deux maigres atouts de cette région relativement peu peuplée, ou reconstruire de façon aussi vulnérable au tsunami suivant? Le débat n’est pas tranché et les survivants attendent.

L’économie locale est durablement sinistrée par l’impact de la centrale de Fukushima : les touristes désertent la région (nous étions un soir les seuls clients dans un hôtel malgré les vacances) et les consommateurs en boudent les produits agricoles et de la pêche.

Le gouvernement japonais veut tourner la page de 2011. Combien de téléspectateurs de cet événement ultra-médiatisé, combien de journalistes s’intéresseront en août 2020 au sort de ceux qui ont tout perdu le 11 mars 2011 ?

Laurent Lugand, équipier expatrié en Extrême-Orient