Une petite centaine de personnes étaient réunies le 28 janvier pour discuter avec deux excellents experts, à l’initiative du MCC et des organisateurs partenaires de ces Débats.


A noter qu’une partie du public a participé à distance, depuis Bordeaux, grâce à la vidéodiffusion en direct de la soirée. C’est une première, qui sera étendue dès les prochaines soirées à d’autres villes en fonction des attentes et des possibilités.

A la question « Face à la crise environnementale, doit-on penser un monde différent ? », les intervenants ont apporté une réponse sans ambiguïté. Pour la philosophe Catherine Larrère, la crise révèle la nécessité d’un rapport différent de l’homme à la nature. Prenant appui notamment sur la pensée de Hans Jonas, elle a fait le lien entre le principe de responsabilité vis-à-vis de l’avenir et notre incapacité à maîtriser les conséquences involontaires des progrès techniques. Selon elle, l’humanité doit conduire une réflexion d’ordre moral sur les finalités du progrès, qui devrait l’inciter à changer les comportements.

Thierry Gaudin, expert en prospective, a poursuivi cette analyse en présentant l’histoire des transitions séculaires du système technique. Il en a souligné les phases d’expansion et de déclin, faisant référence à la thèse de Jared Diamond, selon laquelle l’effondrement des sociétés se produit lorsque les intérêts de la classe dirigeante deviennent contraires aux nécessités de la survie à long terme de celles-ci. Cette thèse établit un lien étroit entre civilisation et rapport à la nature.

Le débat nourri qui a suivi ces exposés a permis d’esquisser quelques perspectives encourageantes. Citons l’invention d’une véritable coopération avec la nature (proche de la thèse du jardin planétaire évoquée par Thierry Gaudin) au lieu du rapport de domination qui a longtemps prévalu, le refus de la décroissance, la nécessité d’améliorer les processus de gouvernance des sociétés aux trois niveaux majeurs, local bien sûr, mondial, mais aussi et c’est plus original au niveau des États. Cela a permis à Catherine Larrère de lancer un véritable plaidoyer pour un renouveau de la démocratie, et donc aussi de l’éducation, conditions premières d’un espoir de sortie future par le haut de la crise environnementale.

Christian Sauret

Prochaine soirée : 15 avril 2013 (voir présentation)