Les marchés désormais en faible croissance et l’intensification de la concurrence internationale ont fragilisé de nombreuses entreprises. Pour faire face à ces situations critiques, sont apparues des sociétés qui se qualifient elles-mêmes de « société de retournement » et qui interviennent de façon transitoire pour appliquer leur méthode décrite comme magique… J’en ai fait l’expérience, voilà ce que j’en pense.


Imaginez que vous êtes dans une entreprise en difficulté, situation qui peut être due à une succession ininterrompue de directeurs généraux éphémères, à une absence d’investissements ou à une perte en ligne de compétences industrielles, depuis trop d’années.

À la place du DG en place sortant, vous héritez d’un triumvirat de 3 personnes (1 DG + 2 adjoints) qui est destiné à redresser la situation. 3 directeurs étant donné le caractère « d’urgence »… Leur approche est exclusivement financière car les chiffres ne mentent pas. La non-compétitivité de l’outil industriel obsolète et l’absence de politique commerciale (ou marketing) sont des non-sujets, l’intérêt unique se porte sur la dernière ligne du compte de résultat…Contre la méningite ou la « leucémie », procédons à l’ablation des jambes.

Il y a un grand gagnant : la société de retournement elle-même qui facture des honoraires généreux pour sa prestation miracle, et ses consultants (appelés aussi managers de transition) grassement rétribués. Il y a dans cet exemple le symptôme grave d’une société malade. Pathologies diverses telles que : ultra court-termisme, cadres (en principe) de haut niveau recrutés grâce à leur diplôme prestigieux mais pas du tout à leurs places, dirigeants esseulés qui se savent être assis sur un siège éjectable activable par l’actionnaire à tout moment, tout juste rassurés par un parachute doré…

À la lecture de ces lignes, vous sentez-vous, à votre tour, tout « retourné(e)s » ? Attention à la potion (amère) du manager de transition…

Antoine Hamelin

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