Pour Joseph Moingt, jésuite et théologien, le retrait de la religion, qui n’en épargne aucune, est signe de l’entrée dans un âge nouveau de l’humanité : ce qui exige de l’Église une attitude missionnaire complètement différente de celle du passé.


Si l’Évangile est la seule voie de salut, comment et qui peut le porter au monde d’aujourd’hui, alors que le monde n’accepte plus le langage autoritaire de la hiérarchie et certaines de ses prises de position ?

Le Christ n’a nullement créé une religion avec ses énoncés dogmatiques mais a transmis une foi en Dieu par Lui, orientée vers une pratique humaniste. Il a montré la voie du salut : se libérer et aimer.

La parole des chrétiens ne sera audible de nos contemporains que si elle est portée par des petits groupes de laïcs, partageant l’Évangile dans le souci concret du salut du monde et dont la liberté de jugement et d’action sera reconnue comme mission d’Église, au plus près du territoire dont ils prendront la charge évangélique. L’évêque leur déléguera un prêtre pour leurs besoins religieux. Ils auront à annoncer l’Évangile en termes de sens de la vie humaine et non d’appartenance à une religion et à entretenir les valeurs où nous reconnaissons l’esprit de l’Évangile.

Joseph Moingt, bientôt 97 ans, termine par un chapitre sur la condition des femmes dans l’Église aujourd’hui : alors que nous nous étions habitués à leur forte présence dans les services, une contre stratégie s’est développée les reléguant dans des fonctions subalternes… Le peuple chrétien devrait débattre en toute liberté de l’aspect éthique de ce problème de fond.

Nos équipes sont déjà pour partie ces petits groupes où on partage l’Évangile et le souci du monde. Pouvons-nous aller plus loin ?

Bernard Chatelain

Faire bouger l’Église catholique

Joseph Moingt, DDB 2012, 194 pages – 15 €