6.alexandre.jpg Françoise Alexandre est religieuse xavière, accompagnatrice JP Paris. Elle est bibliothécaire de métier









Heureux qui « comme un arbre planté près d’un ruisseau, donne du fruit en son temps et jamais son feuillage ne meurt » annonce le psaume 1. Et si nous recevions cette parole comme une invitation, pour nous équipiers, à toujours puiser à la source de notre spiritualité ? Qu’en est-il du MCC ? Où sont ses racines ? À quelle source biblique puise-t-il ? Françoise Alexandre retrace ses fondations spirituelles et met en lumière leur pertinence pour le présent.

Il est bon de rappeler au préalable que la spiritualité chrétienne ne se réduit pas à la vie de l’esprit, mais qu’elle est une manière d’incarner l’Évangile, qu’elle s’inscrit dans une manière d’être et d’agir dans le monde. Elle est attentive aux paroles et aux gestes de Jésus.

[*Où s’enracine la spiritualité du MCC ?*]

Un peu d’histoire ! Un an après la parution de l’encyclique sociale Rerum novarum de Léon XXIII, en 1892, Henri-Régis Pupey-Girard réunit des ingénieurs pour réfléchir à la « question sociale » qui se pose sur les lieux de travail : l’UIC qui deviendra USIC est née. Elle ne cessera de mettre l’accent sur la réflexion à partir de la Doctrine sociale de l’Église, avec la volonté de déboucher sur une action sociale.
Le MICIAC (1937) né en plein développement de l’Action catholique spécialisée insiste sur la vie d’équipe comme soutien pour porter l’Évangile dans les milieux éloignés de l’Église, les laïcs étant invités à prendre leur responsabilité dans l’Église par les engagements sociaux. En 1965, le MCC naît de la fusion de l’USIC et du MICIAC. Ce sont ses deux racines.

La spiritualité du MCC se situe ainsi dans le mouvement d’incarnation du Christ qui vient sauver l’humanité. Il s’agit de connaître et aimer le monde pour s’y engager, comprendre et analyser les situations, forger son jugement en vue de décider pour agir selon l’Évangile dans un esprit de service. Ce sont ses racines ignatiennes, même si elles ne sont pas exclusives.
C’est une spiritualité qui met au centre l’être humain et sa liberté dans une conception du monde optimiste. Le monde est confié à l’humanité par Dieu : tous sont invités à prolonger le geste de création de Dieu par leurs actions. Chacun doit user de sa liberté pour agir dans le même geste de bonté que Dieu créant. Il doit donc éclairer sa conscience pour opérer ses choix au plus près de l’esprit évangélique. Cela passe par des compétences professionnelles, dans une familiarité avec la Parole de Dieu.
Dans un monde où tout bouge, où puisons-nous aujourd’hui l’élan « pour agir selon l’Esprit du Christ dans les lieux où s’exercent nos responsabilités » ?

[*Doctrine sociale de l’Église et rapport au monde*]

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur… », cette ouverture de la constitution du Concile Vatican II Gaudium et spes campe le paysage.

L’attention portée à la Doctrine sociale de l’Église, à la formation sur les questions sociales posées par l’Evangile reste d’actualité. La DSE forge un rapport au monde qui dépasse les clivages politiques. Sans un regard attentif sur le monde, sans cette réflexion préalable aux engagements du chrétien dans le monde, comment discerner ?

Une des missions du MCC reste de faire découvrir la DSE par les soirées débats, des vidéos, les Universités d’été. Le MCC est attentif à la formation intellectuelle de ses membres. Les congrès, les sessions d’aumôniers, les rassemblements en secteur mais aussi la revue Responsables continuent de servir cette réflexion. Or, les TIC n’incitent pas nécessairement à ces études et lectures approfondies qui sont un socle pour le mouvement. Dans un monde qui va de tweet en tweet, c’est un point de vigilance que de rester fidèle à former des chrétiens en plein monde qui sachent discerner les signes des temps et s’y engager durablement avec audace.

Une grande diversité se fait jour au MCC, avec moins d’homogénéité dans les sensibilités ecclésiales, tout au moins chez les JP. Dans une pluralité de courants, la cohésion doit être assurée par un ancrage renouvelé dans la DSE. Les courants de développement personnel imprégnant la société ne font pas des équipiers des familiers de l’Évangile dont la prière inspire l’action et la consolide.

Les textes du Pape François tout particulièrement Evangelii Gaudium et Laudato si mettent le MCC face aux nouveaux défis. Plantons nos racines à la source pour irriguer réflexions et actions, nous réajuster dans un rapport au monde, non pas hostile, dans la confiance devant ce qui est en train d’advenir, y recevant la présence du Seigneur à l’œuvre dans la pluralité. Ces textes éclairent aussi la conscience éthique, qu’elle soit sociale ou individuelle, pour tenir ensemble le particulier et l’universel et se garder de toute idéologie qui ne serait pas respectueuse de l’humain avec une insistance sur le bien commun.

[*Des équipes de partage et de discernement*]

Le MCC, héritier du MICIAC, s’approprie la pédagogie de l’Action catholique : voir, juger, agir, aujourd’hui nous disons plutôt relecture.

Fondée sur le partage, la vie d’équipe est une école d’écoute et de discernement. Les choix, les positionnements sont réajustés par la parole des uns et des autres. Les réunions font traverser la complexité des situations, elles apprennent le respect des différences et l’accueil de la diversité des membres : partir du point de vue de l’autre et non du sien ! Ceci façonne les équipiers à écouter leurs collaborateurs au travail autrement, à aller jusqu’au bout de l’écoute, à prendre le temps du silence et de la réflexion avant de répondre. Dans la conversion à l’écoute et par l’écoute grandit le sens de la responsabilité et du service à la manière du Christ.

Le MCC gagnerait peut-être aujourd’hui à utiliser davantage les moyens que propose la spiritualité ignatienne pour s’enraciner dans l’Évangile en proposant retraites ou haltes spirituelles pour que ses membres puissent davantage mettre le Christ au cœur de leur action : expérimenter que le Christ est le rocher qui permet de bâtir la maison pour qu’elle ne soit pas emportée par la première tempête. Ils ont besoin de travailler à unifier la vie de foi et la vie professionnelle ou familiale. Cette unification permet de porter fruit et de poser les jalons d’un Royaume de justice et de paix, mais aussi de puiser courage et créativité dans des temps difficiles pour tenir le cap. A chacun de trouver sa manière en fonction de sa sensibilité ecclésiale, sociale et politique pour être « Citoyen en vue du bien commun ». Peut-il y avoir discernement sans ces pauses où l’on ralentit la course ?

[*Enracinement biblique*]

Si le « chemin d’Emmaüs » propose un canevas de réunion pour un discernement en équipe, toute réunion d’équipe s’inspire de ce texte qui est le mouvement permanent de nos vies dans le mystère eucharistique. Nous partageons en équipe les évènements vécus, ce qui constitue la trame de nos existences et de nos engagements ; comme les disciples découragés parfois, nous tournons le dos à la vie, sans comprendre. Jésus marche avec nous. Il nous ouvre les Écritures, nous fait découvrir le sens de ce que nous vivons par l’écoute les uns des autres. Ne fallait-il pas vivre ceci pour qu’arrive cela ! ?

Peu à peu au cours de la réunion, le sens émerge, une trouée de lumière s’ouvre, la consolation dans la fraternité agit. Et nous nous quittons parfois le cœur tout brûlant. L’équipe, cellule d’Église, réunie au nom du Christ fait l’expérience d’une présence qui conforte et fait repartir avec courage. Une réunion d’équipe apprend à chercher la trace du Christ et sa présence dans les activités ordinaires, à être de plus en plus perméable à la venue de Dieu dans le quotidien. Il se fait connaître à la fraction du pain, dans le partage. Dieu ne se réserve pas pour les chapelles. Chaque personne est temple de l’Esprit. La vie d’équipe permet de l’expérimenter.

Les membres du MCC s’entraident pour « devenir personnellement et collectivement témoins du Christ et messagers de la Bonne Nouvelle là où ils vivent. ». Ils seront tantôt sel de la terre et tantôt ville sise sur la montagne. Le monde attend des témoins. Prenons les moyens. Chaque jour. C’est leur manière d’accueillir le Christ dans leur vie et d’en être témoin qui donnera envie à d’autres de les rejoindre, dans l’aspiration aujourd’hui à vivre la foi en profondeur et en actes.

[/Françoise Alexandre/]

[(La charte en viatique

Le MCC coopère à la mission de l’Eglise tout entière. Il a pour but d’apporter aux hommes et aux femmes qu’il réunit le soutien humain et spirituel dont ils ont besoin pour progresser ensemble dans la foi, pour devenir personnellement et collectivement témoins du Christ et messagers de sa bonne nouvelle, là où ils vivent.
Le MCC a pour mission d’aider ses membres à agir davantage selon l’Esprit du Christ dans tous les lieux où s’exercent leurs responsabilités, partout où s’élaborent et se déterminent leurs décisions. Il apporte une attention privilégiée aux situations et aux responsabilités liées à la vie professionnelle, en particulier celles des cadres et dirigeants du monde économique et social, ainsi qu’aux environnements français, européens et mondiaux dans lesquels cette vie s’inscrit.
En vue de bâtir un monde plus humain, il invite ses membres à témoigner de leur Espérance, en cherchant à vivre et travailler autrement et en sachant y mettre le prix.
Inséré dans la société par les diverses activités de ses membres, le MCC y est aussi présent comme groupe social organisé. A ce titre et en tant que Mouvement d’Eglise, il a pour vocation :

— de contribuer aux débats concernant les évolutions de nos sociétés, en étant particulièrement attentif aux processus d’exclusion et aux situations de pauvreté ;

— de prendre à l’échelon local, national et international, des initiatives concrètes – paroles ou actions – qui portent témoignage de la foi qui l’inspire et l’oriente.)]

[(Préparer la réunion de mon équipe, c’est la réussir

Vous venez de tomber sur cet encadré, au milieu de notre revue, et pourtant c’est par là qu’il aurait fallu commencer…
En effet, la préparation d’une réunion en est le premier gage de réussite, et engage chacun, équipier comme accompagnateur. Je voudrais donner ici quelques repères sur ce qui doit permettre en amont de mieux nourrir, sur le moment de mieux écouter, et in fine de mieux approfondir.

Voici les 7 éléments d’une bonne préparation
1. Choisir un thème, si possible en avance (quid d’établir une liste – évolutive – dans laquelle piocher ?), qui naisse d’un besoin, d’un questionnement, d’une difficulté, d’un ou plusieurs membres.
2. Se retrouver en binôme (certains ont essayé seuls et c’est un peu triste !) pour débattre à bâtons rompus du thème et en tirer les questions principales, celles qui provoquent le déplacement et semblent pouvoir être fécondes.
3. Soumettre à l’accompagnateur la page alors synthétisée, préparée pour guider la réflexion de chacun, afin qu’il puisse compléter, reformuler certains points, proposer une lecture, ou tout autre support à la réflexion.
4. Envoyer le document en amont à toute l’équipe… En amont ça veut dire avant le week-end qui précède la réunion 😉
5. Comme membre de l’équipe, se sentir responsable de prendre un temps suffisant pour réfléchir à ce qui est proposé, et ainsi partager ce qui est essentiel bien plus que ce qui est en surface.
6. Ne pas oublier de confier la préparation de la prière à quelqu’un, prière qui pourra faire écho au thème de la réunion, à l’actualité immédiate, ou au temps liturgique du moment.
7. Arriver à l’heure à la réunion…

Et là je m’arrête, vous y êtes, la préparation est terminée…
Bonne réunion !

[/Claire Degueil, équipe Fête vos jeux)]/]