« Souvent Dieu se manifeste à l’âme sans relation apparente avec la révélation faite au peuple juif et ensuite au monde entier par le Christ. »

Le Père Yves Raguin écrivait ces lignes dans les années de la naissance du MCC (1965). Il le faisait depuis Taïpei, un des lieux refuges des jésuites occidentaux expulsés de la Chine devenue communiste. A l’instar d’autres Européens, il fut tout à la fois émerveillé des sagesses chinoises et très éprouvé par les violences politiques. Sa longue vie a été le creuset d’un dialogue fécond qui éclaire la place spécifique du Christ comme de la voie chrétienne. Il ajoutait donc :
« Mais cela n’enlève pas sa valeur à la révélation faite dans le Verbe incarné. Sans elle, l’intelligence humaine est comme l’aiguille d’une boussole qui s’affole sous des influences magnétiques. Elle ne sait plus comment entendre et exprimer l’expérience qu’elle fait de Dieu. C’est pourquoi, dans l’histoire de la vie religieuse, la révélation dans le Christ reste le pôle définitif qui oriente toute autre expérience et toute autre révélation partielle. » (Chemins de la contemplation, p. 36).

Ces paroles m’encouragent dans le temps court et long que nous vivons, temps personnel, ecclésial et social.

D’une part, nous pouvons demander et recevoir la grâce de l’ouverture à toute pensée qui n’est pas nôtre. Et cela dans chaque rencontre humaine. La bienveillance dont parle Lytta Basset (Oser la bienveillance, Albin Michel, février 2014) se révèle à l’expérience l’arme des doux du chant des Béatitudes.

D’autre part, nous rechercherons avec plus d’intensité la présence à l’Eglise militante. Dans le concret d’une paroisse, d’un Mouvement ou d’une communauté. Jusque dans notre participation « aux fêtes pascales qui approchent ».

Le Christ, mort et ressuscité, source qui désaltère vraiment, nous précèdera alors aussi bien dans les lieux de nos responsabilités que dans les moments de nos gratuités. Les cœurs brûlants d’Emmaüs nous sont promis et donnés.

P. Hubert Hirrien, sj, aumônier national