Tous les ans, le CNSIF (Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France) réalise une grande enquête auprès de ses membres. En mars 2011, près de 40 000 ingénieurs ont répondu aux questions qui touchent principalement leurs activités professionnelles : insertion sur le marché du travail et fin de carrière, responsabilités, salaires, orientations stratégiques des entreprises et connaissances de celles-ci par les salariés, innovation, création d’entreprise… mais aussi mobilité, équilibre vie privée-vie professionnelle et pour la première année des questions autour de l’éthique et de la politique.

A découvrir en détail dans le chapitre 7 à partir de la page 73

Bien que limités à la population des ingénieurs, les résultats de cette partie, présentés par Kristoff Talin, chargé de recherche au CNRS, Clersé-Meshs et Christelle Didier, département d’éthique à l’Université catholique de Lille, sont très intéressants dans la perspective des réflexions sur le MCC demain.

Comme la moyenne des français, les ingénieurs placent la famille (86%), les amis (55%) et le travail (46%) dans les trois principales valeurs devant les loisirs (33%), la religion (7%), l’associatif (6%) et la politique (5%). Mais les auteurs font remarquer que le travail pâtit d’une moindre importance pour les ingénieurs que pour l’ensemble des français (68%) et émettent l’hypothèse que le surinvestissement des cadres pourrait justifier une volonté d’afficher, au moins sur le principe, que la priorité reste bien la famille! cnisf3.jpg

Plus précisément, autour des questions éthiques, il apparaît que «Les préoccupations éthiques apparaissent comme un luxe à 29% de la population interrogée», et 66% des ingénieurs «s’accordent pour considérer qu’un code d’éthique peut être un moyen pour donner des repères dans les situations délicates».

L’autre point intéressant souligné par les auteurs est l’engagement des ingénieurs pour transformer la société: à la proposition «un ingénieur doit-il s’engager pour la transformation de la société?», 21% répondent «oui tout à fait», 64% «oui, plutôt», 4% «plutôt non» et 1% «non, pas du tout» alors que 10% ne savent pas. L’intention d’engagement est donc massive. Par ailleurs, plus le répondant valorise l’engagement de l’ingénieur pour transformer la société, plus il privilégie l’égalité comme valeur primordiale par rapport à la liberté dans la société (NDLR : une question sur la différence d’importance entre égalité et liberté a été posée juste avant). Autrement écrit, l’engagement de l’ingénieur dans la transformation de la société doit se faire en favorisant un modèle de société plus égalitaire. »

Enfin, dernier point d’intérêt pour le MCC: les ingénieurs se déclarent moins religieux que le reste de la population française (31% chez les ingénieurs contre 44% dans l’ensemble de la population).

Un défi pour le MCC, qui porte ces questions depuis son origine, pourrait être de devenir ce lieu de construction de repères éthiques que recherchent des hommes et des femmes en responsabilité sans avoir les points d’ancrage que peut apporter une religion. Cela implique de s’ouvrir largement au monde tout en restant enracinés dans le Christ, pour reprendre l’exhortation des JMJ.