Les espoirs liés au développement du commerce international n’ont pas été tenus pour tout le monde : dans les pays développés comme les pays émergents, la croissance a fait des gagnants puisque notre pouvoir d’achat a bien augmenté et 400 millions de Chinois sont entrés dans les classes moyennes. Mais aussi de nombreux perdants, notamment en raison du non respect des engagements de travail décent dans les pays du Sud et des pertes d’emplois chez nous liés aux délocalisations.


À ce contexte se sont ajoutées la crise bancaire venue des USA et la crise économique qui l’a suivie et qui a fait des ravages très sérieux dans nos économies surtout au niveau de l’emploi. Mais il y a eu aussi une dérive incontrôlée du marché libéralisé qui a fait exploser l’éventail des rémunérations à un niveau qui remet en cause un vivre ensemble pacifié.

Cela explique les désillusions et l’atmosphère un peu morose de l’Assemblée annuelle de l’OIT à Genève à laquelle participaient 6 représentants du MCC. L’OIT doit constater que le nombre d’États qui ont ratifié sa déclaration de 2008 sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, est encore faible et ceux des pays du Sud qui l’appliquent encore plus faible. On est loin d’un travail décent au sens du BIT dans trop d’entre eux. Les règles de l’OIT ne sont pas assez contraignantes. Comment améliorer cette situation ?

Pourtant, c’est indispensable car nous ne reviendrons pas en arrière sur la globalisation, c’est tout simplement impossible. On ne va pas priver les pays du Sud de tous les débouchés qu’ils ont gagnés et on ne va pas plus reconstruire les usines que nous avons fermées. On ne peut pas renoncer à cette nouvelle répartition des richesses. La priorité est d’imposer partout un travail décent qui permette à tous les salariés, où qu’ils soient, d’en bénéficier, et qui contribue beaucoup à réduire les écarts de coûts salariaux entre pays.

L’Église et les mouvements d’action catholique ont largement contribué au niveau de conditions de travail et de protection sociale dont nous sommes aujourd’hui les grands bénéficiaires. À nous aujourd’hui de contribuer à ce que les salariés des pays du Sud en deviennent les bénéficiaires aussi.

[/Alain Heilbrunn/]