Non, les ressorts de la crise financière ne sont pas trop compliqués à comprendre pour le commun des lecteurs …sous la plume très claire et pédagogique de Gaël Giraud, jésuite, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris. Oui, les chrétiens doivent s’engager, d’abord professionnellement et aussi en tant que citoyens : ceux qui travaillent dans le secteur financier et bancaire, bien sûr, mais aussi tous les autres, tous les citoyens, tant il est urgent qu’un contrôle démocratique s’instaure sur un système financier qui ne sert plus vraiment l’économie et encore moins l’homme.


C’est tout le mérite de Gaël Giraud de nous aider à dépasser le jargon financier, la complexité parfois créée pour se soustraire aux regards indiscrets, de démonter les croyances financières : celles qui disent que la dérégulation, l’absence de contrôles et de normes sont le meilleur et le seul moyen d’atteindre la prospérité..

Comment ne pas se soumettre ? L’auteur livre un véritable programme pour réaligner les intérêts économiques, sociaux et environnementaux, qui passe, selon lui, par une réindustrialisation verte –moins gourmande en énergies fossiles et en matières premières- et une transition écologique de nos économies. Pour y parvenir, le système financier doit être mis au service de ces objectifs : les banques doivent être véritablement réformées et scindées. La BCE devrait surtout financer un vaste programme de transition écologique européen (isolation des bâtiments, investissements en infrastructures de transports et d’énergies, etc), à très bas coût et à long terme.

Le livre de Gaël Giraud propose ainsi des pistes pour construire un système économique qui ne divise pas toujours plus les hommes mais qui au contraire les fait coopérer. Ne cédons pas à l’habitude : la loi du plus fort qui punit sans pitié les perdants et les plus vulnérables au système financier n’est peut-être pas invincible.

Marie-Hélène Massuelle

Illusion financière

Gaël Giraud, Les Éditions de l’Atelier 2012, Collection Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire, 176 pages – 17 €