A l’occasion du G20 les 3 et 4 novembre 2011, quatre organisations chrétiennes (Justice et Paix, Secours Catho, CCFD-Terre solidaire et Ceras) appellent les chrétiens à s’engager personnellement au service du bien commun contre les paradis fiscaux. Leur brochure « Au service du bien commun », sous-titrée « Au nom de leur foi, des chrétiens s’engagent pour plus de justice sociale » publiée en septembre dernier résulte d’une campagne nationale sur la justice fiscale qui aborde entre autres les paradis fiscaux, le circuit de l’argent dans le monde et le rôle de la fiscalité dans la solidarité nationale.

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Le règne de l’argent et de la finance

Ce qui est légal n’est pas toujours moral

— La crise financière a révélé l’immense influence de la finance sur notre économie. La déconnexion de la finance et de l’économie réelle entraine une dilution des responsabilités. L’argent a été élevé au rang de valeur suprême et l’accumulation des richesses est devenue le seul critère d’une vie réussie.

— La richesse mondiale s’est accrue, mais les inégalités aussi.

— «Les paradis fiscaux ont une responsabilité dans la crise financière mondiale : outils de dissimulation des opérations risquées des banques et fonds d’investissement, ils ont facilité la course effrénée au profit immédiat, privant les autorités de régulation de leur capacité à mesurer l’ensemble des risques ».

— Les dissimulations des multinationales au fisc font perdre 125 milliards d’euros par an aux pays du Sud.

— En France, la fraude fiscale coûte entre 40 et 50 milliards d’euros à l’État, soit 2 fois le déficit de la Sécurité sociale. Ce manque à gagner lèse surtout les populations les plus fragiles.

— Les paradis fiscaux sont des trous noirs de la finance internationale: le fort degré d’opacité, le secret bancaire, les sociétés écran, la fiscalité faible ou nulle permettent d’abriter des activités pour ceux qui souhaitent échapper à l’impôt, à blanchir l’argent du crime ou de la corruption.

— En favorisant le contournement des lois, les paradis fiscaux sont de véritables défis à nos démocraties.

Quelques pistes pour lutter contre la pauvreté

et agir en faveur du bien commun

— Réhabiliter l’impôt, instrument au service de la solidarité et du bien commun, et outil contribuant à la construction du lien social et de la démocratie,

— Retrouver une vision de l’économie où la formation de la richesse peut contribuer à plus de solidarité et de justice sociale. Changer de modèle économique : une révolution mentale à accomplir…

— Face au surendettement des états, on assiste à l’accroissement de la contribution des entreprises à la lutte contre la pauvreté : favoriser l’adoption d’une gouvernance partenariale qui privilégie la complémentarité et la reconnaissance des parties prenantes et non plus une gouvernance actionnariale.

Les chrétiens s’engagent au nom de leur foi:

«Vous ne pouvez pas servir deux maîtres: Dieu et l’argent»


(Luc 16,13)

L’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ passe aussi par la construction d’un monde plus juste. Il est du devoir de chacun de contribuer au financement des dépenses publiques. Les phénomènes d’interdépendance de la mondialisation et l’extrême pauvreté de certaines populations rendent encore plus impératif l’accomplissement de ce devoir.

 Comment agir collectivement?

— Campagne «stop paradis fiscaux»

— Demander aux pays du G20 de renouveler leur engagement à lutter contre les paradis fiscaux

— Inciter les collectivités locales à travailler avec des acteurs économiques qui n’ont rien à cacher dans des paradis fiscaux

 Comment agir individuellement?

— Je m’interroge sur mes propres pratiques quotidiennes

— Je demande à mon banquier des explications sur l’usage des paradis fiscaux

— Dans ma déclaration de revenus, est-ce que je cherche à minimiser mon impôt à payer?

— La personne à domicile que j’emploie est-elle déclarée?

— Mon employeur utilise t-il les paradis fiscaux?

— Je suis vigilant sur les types de placements réalisés par ma banque et sur mes produits d’épargne

biencommun.jpg Pour approfondir: un livre sur le bien commun

Ecrit par Roland Minnerath en 2010, l’ouvrage « Doctrine sociale de l’Eglise et bien commun » est organisé en 3 parties: les sources de la doctrine sociale de l’Église, la dignité de la personne humaine, et enfin la question de la démocratie et du bien commun.