La crise actuelle ne remet pas en cause la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) mais souligne au contraire son urgence car elle met à jour les fragilités de notre mode de raisonnement fondé sur l’homo œconomicus et la primauté du gain…


Bertrand Collomb, ancien directeur du groupe Lafarge, nous donne des raisons d’espérer en une entreprise et une mondialisation responsables et le frère Samuel Rouvillois, philosophe et théologien, estime que les jeunes générations accepteront de privilégier la fragilité et l’interdépendance des personnes, de respecter l’univers et de revenir à l’humain.

Même si l’avenir reste incertain, l’accent mis sur la RSE sera gagnant car il correspond aux aspirations des citoyens en quête de sens. Le respect de l’environnement devient une nécessité incontournable, les échanges de proximité sont valorisés, les entreprises tiennent plus compte des sensibilités humaines et se rendent compte qu’elles doivent dialoguer avec les autres acteurs. Notre vocation devrait nous mener à prendre des risques dont bénéficieront les générations futures et aucune loi ne pourra remplacer l’éducation à la responsabilité.

Partis de regards croisés sur la mondialisation, ses victoires et ses faiblesses, les deux intervenants s’attardent ensuite sur la RSE et plus particulièrement sur les réalisations de Lafarge, notamment au Bangladesh. C’est ainsi en particulier que Lafarge a créé un panel de parties prenantes (stakeholders panel) comprenant consommateurs, employés, syndicats, associations, ONG (partenariat avec le WWF), pouvoirs locaux, actionnaires, agences de notation, opinions internes… Les auteurs insistent tous deux sur le rôle, essentiel, des dirigeants.
Les logiques de consommation et les images entrepreneuriales ne sont pas que rationnelles et ont des ressorts affectifs. Ce livre permet d’en prendre plus conscience ainsi que des leviers suscités par l’entreprise humainement responsable.

Bernard Chatelain

L’entreprise humainement responsable

Bertrand Collomb et Samuel Rouvillois, 220 pages, DDB – 20 €