En ce temps d’incertitude économique, financière, politique, la place des corps intermédiaires est perçue de façon ambivalente dans la société française : stratégique ou devenue quantité négligeable, lieu de transmission naturelle ou obstacle entre l’exécutif et le «peuple», acteurs plus ou moins reconnus de la «démocratie sociale».


Laurent Tertrais impose un regard aiguisé et pertinent, sans concession mais avec bienveillance sur le positionnement des syndicats français, composants majeurs de ces corps intermédiaires.
Analysant l’histoire du mouvement ouvrier, il décrit avec force et conviction l’évolution du travail : de plus en plus anxiogène, marqué par la rentabilité à tout prix et ayant fait place à un « actif » devenu une composante solitaire de l’entreprise moderne.
Il tire pour aujourd’hui les conséquences de la crise économique et financière sur ces transformations et propose de retrouver les syndicats comme acteurs majeurs dans une relation nouvelle, hors du champ de la contestation et de l’affrontement systématiques.
Visant le dialogue plutôt que la contestation, avec le consensus comme moyen, il leur propose comme objectif d’être en médiation entre la sphère sociale et la sphère politique. Il voit même dans cette évolution une possible partie de la résolution de la crise financière.

Court et efficace, mais avec une dose d’utopie dynamique, cet ouvrage est un excellent document pour lire les évolutions actuelles du monde économique à l’aune de la nouvelle donne politique en France.

Dominique Semont

La promesse syndicale, Quel syndicalisme pour le XXI siècle ?

Laurent Tertrais, Éditions Michalon 2012, 160 p. – 15 €