Voilà un livre militant et passionné. Il nous fait passer des données de base sur la situation énergétique en France, avec la part des différentes énergies dans la production électrique, à des conclusions sur la gouvernance souhaitable au plan européen et sur la place que le citoyen-consommateur doit y prendre.
Ses auteurs sont respectivement Jean-Yves Grandidier, fondateur et président de Valorem, PME spécialisée dans les énergies vertes, particulièrement l’éolien et Gilles Luneau, journaliste. Ils présentent en premier lieu toutes les formes d’énergie renouvelables, avec leur potentiel en France où il y a des complémentarités particulièrement favorables.
Grandidier pointe ensuite de façon crue les responsabilités de ceux qui freinent leur développement : la pensée unique, longtemps dominante, des partisans du nucléaire, puis les exigences de l’Armée et de Météo-France qui ont développé des zones limitant les éoliennes de manière drastique, sans commune mesure avec la situation dans les pays voisins. Même la notion de service public, longtemps gage d’égalité, contribue aujourd’hui à bloquer les choses.
Mais Grandidier est optimiste. Les réalisations de Valorem, mobilisant habitants, entreprises et collectivités locales dans des projets d’énergie renouvelables, montrent que des voies sont possibles pour faire bouger les choses. La décentralisation de la gouvernance fait évoluer les comportements.
Les perspectives du livre à l’horizon 2050 donnent à réfléchir. De la même façon que la CECA et Euratom ont été à la base de la première Europe, qui s’essouffle aujourd’hui, les énergies renouvelables feront émerger de nouvelles formes de gouvernance nécessairement décentralisées. La rigidité du service public centralisé fera place à des systèmes souples, dans lesquels un nouveau sens de l’intérêt général pourra se développer à l’échelle supra-nationale.
[/Arnaud Laudenbach/]
Le vent nous portera – Le pari gagnant de la transition énergétique
Jean-Yves Grandidier, Gilles Luneau, Gallimard 2017, 102 pages – 15 €