« Dans un admirable entrecroisement, la foi, l’espérance et la charité constituent le dynamisme de l’existence chrétienne vers la pleine communion avec Dieu » (§ 7). C’est ce vers quoi nous entraînent nos deux papes réunis, auteurs à quatre mains d’une encyclique signée du seul François : Lumen fidei.


ou La lumière de la foi. Le pape ose d’emblée un bel oxymore : il affirme que « la foi, en tant que mémoire de l’avenir, memoria futuri, est étroitement liée à l’espérance » (§ 9) parce que, « mémoire d’une promesse, elle devient capable d’ouvrir vers l’avenir, d’éclairer les pas au long de la route » (§ 9). Dans un style accessible, émaillé de références théologiques, philosophiques et littéraires (avec une préférence pour les auteurs allemands !), il s’attache ensuite longuement à convaincre de la « fiabilité » de l’amour de Dieu pour les hommes, terme du registre technique ou scientifique qui reviendra souvent au fil de l’encyclique. C’est de fait à une véritable démonstration de cet amour divin qu’il procède, « roc sur lequel nous pouvons nous appuyer en toute sécurité » (§ 23). François, qui a donc assumé puis complété le texte de Benoît XVI, s’émerveille que la foi se transmette « de personne à personne, comme une flamme s’allume à une autre flamme » (§ 37) et ainsi de suite, depuis les contemporains du Christ. Dépositaires de cette lumière, nous ne pouvons que la faire résonner pour les autres, « les invitant à croire » (§ 37).

Après les développements théologiques vient le temps de l’action : « En raison de son lien avec l’amour (cf. Ga 5, 6), la lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix » (§ 51). Interdit de la garder sous le boisseau ! Car la « foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains » (§ 51). Oui, la rencontre avec le Christ « élargit l’horizon de l’existence et lui donne une espérance solide qui ne déçoit pas » (§ 53) et non, « la foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage » (§ 53), même si « à l’heure de l’épreuve, la foi nous éclaire » (§ 56). Saluant la contribution de la foi au bien commun et relevant que la foi a permis de comprendre « la dignité unique de chaque personne, qui n’était pas si évidente dans le monde antique » (§ 54), le nouveau pape venu d’Argentine encourage les chrétiens à être une lumière pour la vie en société, capable d’éclairer tous les rapports sociaux.

Marie-Hélène Massuelle

Lumen fidei, Lettre encyclique

Pape François, Éditions du Rocher 2013 – 4,90 €

L’encyclique est disponible dans toutes les langues en téléchargement sur le site du Vatican; un résumé chapitre par chapitre est aussi proposé sur le site de News Vatican