Un autre regard sur l’être humain, permettant de mieux aimer, d’être bienveillant et de pardonner, c’est ce que le livre de Lytta Basset – professeur de théologie protestante, pasteur – nous permettra. Pour l’auteur, le dogme du péché originel, même s’il a perdu bien de son impact depuis saint Augustin, reste très présent, notamment chez les jansénistes, calvinistes, et nombre de théologiens moralistes.


Ce dogme est à l’origine d’un pessimisme radical sur la nature humaine – qui serait égoïsme et calcul – totalement étranger au message de Dieu dans la bible et de celui du Christ. Ce pessimisme a été repris par de nombreux philosophes. C’est ainsi que l’éducation des enfants, que l’on dit héritant du péché d’Adam, est faite de violences qui entraînent plus tard déresponsabilisation, dualisme entre bons et mauvais ou élus et damnés, guerres de religion, obsession du salut personnel, confusion entre religion et intégrisme… Tout cela alors que le Dieu biblique est éternellement en demande de partenariat avec tous, même au plus profond de nos ténèbres (voir David), ou que le Christ confirme, concernant l’aveugle-né que ce n’est ni lui ni ses parents qui auraient péché.

Alors refusons d’enfermer l’autre dans une « nature » immuable, laissons-nous prendre aux entrailles par la compassion pour sa vie (la Samaritaine), ses souffrances ; cessons de nous laisser aller à lui asséner « je te connais, ta vraie nature refera surface… »
Bien sûr, le péché est présent, c’est le refus de la relation – à l’autre et à Dieu -, le Christ nous en sauve en nous guérissant, ce qui nous permet de rétablir les relations. Sachons que le Christ n’a enfermé personne dans son péché, que chacun est capable de Dieu… La bienveillance d’un autre nous a sauvés…

Et puis méditons l’interprétation si riche que Lytta Basset fait d’épisodes bibliques (Caïn, la femme adultère, le paralytique, Zachée…~). Laissons aussi enrichir notre compréhension par certains commentaires de rabbins sur lesquels elle s’appuie.

Bernard Chatelain

Oser la bienveillance

Lytta Basset, Albin Michel, 428 pages – 22 €