Oui, j’ai lu une bande dessinée.

J’ai d’abord voulu lire cette BD comme une … BD ! Mais j’ai immédiatement senti la différence : ni roman, ni imagination, ni rigolade, mais volonté d’y raconter la « vraie vie » donc la « mort vraie ». Intelligence pour arriver à scénariser avec la plume et le crayon la vérité de la fin de vie des personnes du grand âge très souvent malades (Alzheimer, démence précoce), sans famille proche, et traduire maintien à domicile, voisinage, isolement, solitude, auxiliaires de vie, infirmières, hôpital.


Oui, j’ai lu une bande dessinée et j’ai aimé cet appel à la conscience. Valérie Villieu, infirmière libérale, a passé trois ans auprès de Joséphine. Elle a construit petit à petit une relation solidaire pleine de tendresse et de persévérance avec cette femme âgée et souffrante. Raphaël Sarfati par un dessin simple et naïf a su rendre visible l’indicible de cette rencontre.

La puissance de cette association a fait qu’au fil de ma lecture, textes et dessins se sont petit à petit mis en retrait, pour me laisser, moi lecteur, seul face à ma propre représentation de cette période de la vie, metteur en scène des moments déjà vécus avec mes proches, mes amis ; mais aussi appréhendant avec lucidité les temps à venir.

Oui, j’ai lu une bande dessinée, j’ai aimé l’appel à la conscience, je suis devenu l’acteur de cette histoire. Il faut s’emparer à tout prix de cette BD récompensée par le jury œcuménique 2013 du festival d’Angoulême !

Dominique Semont

Little Joséphine (prix œcuménique 2013 du festival d’Angoulême), Raphaël Sarfati (dessinateur), Valérie Villieu (scénariste), La boîte à bulles 2012, 128 pages – 17 €