Gérard Leclerc est essayiste, journaliste à La France Catholique et sur les ondes de Radio Notre-Dame. Esprit ouvert au mouvement des idées, il a été marqué par les événements de mai 68 et par ceux qui ont suivi. Il nous livre ici des réflexions originales et décapantes sur le mouvement de la société occidentale durant ces décennies, et particulièrement sur la place qu’y a tenue l’Église catholique.
Des événements de mai 68, en intégrant les prémices aux Etats-Unis, il fait une analyse socio-politique claire et sans doute juste. Il note la co-existence de deux grandes aspirations ; l’une émanait de ceux, organisés, dont le but était clairement la prise de pouvoir ; l’autre, beaucoup plus multiforme et majoritaire, regroupait tous ceux qui, refusant la société de consommation, cherchaient une nouvelle façon de vivre ensemble.
Ces deux tendances n’ont pas réussi à construire quelque chose, sans compter les divergences d’objectifs avec les milieux syndicaux.
Mais si mai 68 n’a pas eu de suite politique directe, Gérard Leclerc approfondit ce qui s’est révélé à travers cette aspiration multiforme à une liberté créatrice. L’auteur pointe certes le côté décevant, puisque ce fut le libéralisme mondial et l’hédonisme qui en furent les gagnants récupérateurs.
Mais cette recherche d’absolu, cet appel largement inconscient à l’Esprit, aurait pu ouvrir de nouvelles perspectives. Et là Gérard Lerclerc est sévère. L’Église, clercs et chrétiens laïcs, ont majoritairement failli dans leur mission d’être « sentinelle » et « lumière d’espérance ».
Pour l’auteur, un trop grand nombre de clercs, pendant et après les événements, ont oublié la force originale de la Bonne Nouvelle, en voulant trop « coller au monde ».
Rude mise en question pour la génération qui a vécu cette période et la dramatique diminution de ceux qui se disent croyants. Rude défi pour les plus jeunes à qui échoit la mission de réécrire avec leurs mots « Dieu est Dieu, nom de Dieu », comme le fit le résistant et philosophe catholique Maurice Clavel, abondamment cité dans ce livre.
[/Arnaud Laudenbach/]