Ingénieur de l’armement, ancien responsable national du MCC, Paul-Ivan de Saint-Germain vient de créer une antenne des « Semaines sociales » dans les Yvelines, une de celles qui existent dans toute la France, relais local de cette association où l’on a le souci de percevoir les grands problèmes de société et où s’enrichit, se réfléchit, s’élabore et se transmet la doctrine sociale de l’Eglise. Il s’agit d’une force de réflexion et de proposition, présidée par Jérome Vignon, dirigée par un Conseil et un Comité de 30 à 40 membres. Ses membres sont choisis pour leur connaissance des questions qui se posent dans la société civile. Le président d’une antenne régionale est membre de droit du Comité.

Comment a été choisi le thème des migrants pour les Semaines sociales ?

A chaque session, une liste de thèmes est proposée aux participants ; ils relèvent de l’actualité sociale, politique, économique. Un vote est proposé à l’assemblée. La décision est prise par le Conseil assisté du Comité, composé d’hommes et de femmes qui viennent du monde associatif, des mouvements catholiques et des syndicats ; cet exécutif joue le rôle de caisse de résonance et se réunit tous les mois. Il donne une « impulsion d’en haut », dans l’esprit de la doctrine sociale de l’Eglise, tout en étant à l’écoute de ce qui se passe dans les régions, grâce aux antennes. L’objectif n’est pas tant de se caler sur l’actualité que d’anticiper les thèmes qui vont devenir d’actualité et donner des clés pour la réflexion ; cela a été le cas pour celui de la solidarité et de la transmission ou de l’Europe comme c’est le cas pour celui des migrants qui a été choisi il y a un an. Il rejoint la question Nord-Sud et ses conséquences, notamment la nécessité économique d’une immigration pour nos pays à faible démographie. La problématique est également européenne en raison de la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’Union ; c’est à ce niveau qu’elle doit être réfléchie.

Pourquoi cette antenne des Yvelines ?

Les Yvelines ne se résument pas à la ville de Versailles, c’est un département très divers et les questions sociales s’y posent comme ailleurs. J’ai personnellement été partie prenante de la renaissance des Semaines sociales, il y a un peu plus de dix ans, dans la mouvance de Jacques Méraud, au moment où ont commencé à se créer des antennes un peu partout en France. J’ai travaillé avec Alban Sartori qui est à l’origine de celle de Rueil. Membre du département « Famille et Société » de la Conférence des évêques de France, j’ai été amené à rencontrer les membres de l’« antenne sociale » du diocèse de Versailles . Dans le cadre de ma paroisse, j’ai organisé des conférences intégrées dans un cycle « Au cœur de la cité», avec le souci de faire le lien entre foi et vie, en mettant en évidence la présence du Christ au-delà des structures de l’Eglise. L’idée a progressivement germé au moment où l’on constatait que le fichier des Semaines sociales contenait 1200 noms dans les Yvelines. La rencontre avec Philippe Rozet et Guy Aymard, du Vicariat à la Solidarité, a permis au projet de voir le jour au début de l’année 2010.

Quel est le lien entre le MCC et les Semaines sociales ?

Nous avons des liens de complémentarité évidents ; plusieurs anciens responsables nationaux sont devenus des personnalités des « Semaines sociales », à commencer par son président Jérome Vignon. La grande différence entre nous vient du sens inverse de nos démarches respectives: le MCC se vit par les équipes, la réflexion de ses membres part de ce qu’ils vivent, non pas de problèmes généraux. Dans les Semaines sociales, il n’y a pas d’équipes de gens qui se convertissent mutuellement ; il y a plutôt des gens concernés par la vie économique et sociale, qui ont le souci de relayer les questions pour les faire traiter de façon publique. Ces deux approches opposées n’empêchent pas leurs acteurs de dialoguer et d’avoir une même préoccupation : vivre leur foi dans le monde et la société.

Propos recueillis par Solange de Coussemaker