Nous ne cessons de scruter notre monde en mutation, avec l’espoir de parvenir à canaliser le changement, de pouvoir avancer à son rythme, d’accepter les mises en question sans toutefois nous laisser déborder. Mais le mouvement continue à s’accélérer, les événements présents démentent souvent les perspectives du futur que nous essayons de tracer, nous restons empêtrés dans nos schémas, notre société est crispée, nous doutons de nous.

Cette vision pessimiste actuelle, accentuée souvent par les médias, n’est pas l’exacte vérité. Nous voyons et nous participons à de multiples initiatives qui préparent un monde nouveau, le MCC y a largement fait écho cette année. Mais nous savons que le chemin qui s’annonce n’est pas aisé. La tentation est alors le repli sur ce qu’on connaît, qui a fonctionné plutôt bien, et qu’on voudrait conserver pertinent pour aujourd’hui.

Or la foi chrétienne ne nous demande pas de regarder en arrière le jardin perdu, le « paradis » clos de la Genèse, mais de nous tourner et d’agir en direction de la « nouvelle Jérusalem » de l’Apocalypse, de la ville ouverte où Dieu veut habiter avec nous. La foi nous invite à comprendre que Dieu est toujours Autre que ce que nous pensons, surtout quand nous tentons de Le tenir dans nos représentations d’hier, et qu’Il continue de se révéler quand nous sommes attentifs à sa Parole entendue dans l’aujourd’hui de nos vies. Le Pape François, concluant le synode sur la famille, ne dit pas autre chose quand il engage à « vaincre la peur devant les surprises de Dieu » et à « se laisser conduire par des chemins imprévus ».

Avec les mots du psaume 84, exprimant l’attente des croyants tendus vers l’à-venir de Dieu – « N’est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple ? » – ce n’est pas le monde passé que nous demandons à Dieu mais bien l’avènement de son Royaume, quels qu’en soient les chemins. Alors la phrase de Bergson – « L’avenir n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons faire » – peut prendre un sens chrétien véritable si nous agissons et exerçons nos responsabilités en confiance dans le Christ.

Christian Sauret