À 22 ans, Anina Ciuciu nous donne un très beau témoignage de romanité et d’intégration. Née en 1990, dans une famille Rom, elle a une enfance heureuse même si ses parents sont discriminés et finissent par perdre tout espoir de pouvoir élever leurs enfants en Roumanie. Après deux tentatives la famille aboutit dans un grand bidonville de la ville de Rome. C’est là qu’Anina fait l’expérience de la honte de devoir mendier à côté de sa mère. Réunissant toutes ses économies, son père finit par les emmener en France, pays des droits de l’homme… et des contradictions. Bien accueillie par les services sociaux, la famille se voit finalement refuser le droit d’asile et les enfants sont déscolarisés. C’est grâce à deux femmes rencontrées dans la petite ville de Bourg-en-Bresse qu’ils obtiennent l’asile économique et que les 3 enfants reprennent le chemin de l’école. Si l’aînée des filles retourne en Roumanie pour se marier, les deux autres réussissent le bac brillamment. Après une licence de droit, Anina réussi à s’inscrire en Master à la Sorbonne pour préparer l’école de la magistrature. Elle est maintenant avocate et défend les droits qui lui ont été refusée dans sa jeunesse, en particulier comme conseillère honorifique sur la problématique rom auprès du Premier ministre roumain.

Un tel parcours serait-il encore possible en 2022 ? Le droit est le support de toute intégration. Par exemple, sans papiers, les parents n’avaient pas osé porter plainte contre l’automobiliste qui a failli la tuer quand elle avait 12 ans.

Bertrand Hériard, aumônier national

Anina, avec Frédéric Veille, Je suis tzigane et je le reste, des camps de réfugiés à la Sorbonne, City édition, 2013