De l’adversité à la fraternité – Le replay

Le Thème de la journée : Avec Ignace, cultivons la vertu de l’espérance!

Première étape du chemin, il nous fallait avancer dans la compréhension des transitions actuelles… Les regarder en face sans les dévoyer, admettre leur urgence sans sombrer dans le catastrophisme. Leur donner du sens.

Entre foi et lucidité, cet exercice nous a mis à l’épreuve : face à l’ampleur et aux perspectives parfois sombres des défis écologiques et sociaux, face à la fragmentation croissante de notre monde, cultiver l’espérance n’est pas un chemin facile. Et, plus encore, lorsqu’il s’agit de rendre celle-ci contagieuse autour de nous, dans nos lieux de travail en particulier.

Il y a 500 ans, frappé à la jambe par un boulet de canon, Ignace de Loyola, gravement blessé, pense son destin brisé à jamais et manque de sombrer dans le désespoir… Pourtant, pendant sa longue convalescence, de nouveaux chemins s’ouvrent à lui qui l’amèneront à inventer, d’étapes en étapes, une réforme spirituelle qu’il explicitera à travers « les exercices spirituels ».

A son image, nous sommes appelés à transformer les épreuves et les crises que nous traversons en chemins de vie, d’ouverture et d’espérance. Que celles-ci soit collectives ou personnelles, elles peuvent aussi stimuler notre créativité, nous ouvrir de nouveaux horizons, nous renforcer dans notre vocation… pour peu que nous sachions nous rendre attentifs au désir de vie qui nous habite et acceptions, parfois, de changer nos perspectives.

Comment nos crises et nos « boulets » peuvent-ils nous conduire à créer de nouvelles façons d’être dans nos vie professionnelle et citoyenne ? A promouvoir de nouveaux modèles politiques, économiques et sociaux ?

La spiritualité ignacienne irrigue notre mouvement depuis 120 ans : Comment l’expérience d’Ignace de Loyola entre elle en résonnance avec les défis du monde actuel ? En particulier pour les managers et acteurs du monde de l’entreprise dans leurs choix ?

Osons cultiver dès maintenant la vertu de l’espérance et repérer les initiatives porteuses de sens : venez nous rejoindre pour la seconde étape de notre chemin congrès qui aboutira « Au large » à Marseille, avec la famille ignacienne, le week-end de la Toussaint 2021. Ou inventer là où vous êtes des rencontres qui vous associe à la démarche.

Notre vision de l’espérance

Cette grâce qui fait que, confiants que Dieu nous associe à son œuvre de vie, on répond OUI à son appel, même si on ne sait pas très bien à quoi on acquiesce.

Qualité assez rare, la langue française distingue espoir et espérance. D’ailleurs, le verbe espérer reste commun aux deux notions. De la même façon que la peur et l’espoir ont un objet (un imprévu, une rencontre…), l’angoisse et l’espérance n’en ont pas. Si l’objet disparaît, on peut tomber dans l’angoisse ou le désespoir. L’espoir nous ouvre des possibles, l’espérance nous ouvre à l’impossible.

« L’espérance ne va pas de soi… Le plus difficile, c’est d’espérer. Le facile et la pente, c’est de désespérer, et c’est la grande tentation » Charles Péguy

Les questions qu’on se pose

Espérer dans notre vie spirituelle

  • Quelle attitude spirituelle cultiver pour devenir co-acteurs de la promesse de vie de Dieu ? Quels choix faire pour re-ordonner nos vies pour qu’elles soient désirables et dynamisantes, inscrites dans un horizon de dignité et de justice pour tous ? Comment nous y engager avec détermination ?
  • Les écrits du pape François, de la « Joie de l’évangile » à Laudato Si et « Fratelli Tutti », dressent un état de lieu dur du monde actuel et dénoncent fortement certaines de ses dérives. Comment dans ce contexte, de nouvelles perspectives s’ouvrent elles pour les chrétiens ?

Espérer dans nos vies professionnelles et nos engagements

  • La récente crise sanitaire a renforcé la difficulté, déjà prégnante auparavant, à se projeter sur le long terme dans le monde économique, à vivre l’entreprise comme un bien commun, à développer la co-gouvernance, revisiter nos priorités…. Dans ce contexte, comment, dans nos responsabilités professionnelles, associatives ou citoyenne, rendre l’espérance concrète et accessible à tous ?

Espérer dans notre engagement en communautés chrétiennes

  • Comment la crise que traverse les Eglises, de la baisse de la pratique religieuse aux différents scandales qui les ont fragilisées, peut-elle être vécue comme un appel à vivre celle-ci autrement ? Comment promouvoir un nouveau dialogue, dans l’Eglise et plus largement dans nos institutions, afin de nous engager ensemble sur un chemin synodal et que celles-ci (re)deviennent Passeurs d’Esperance ?

Espérer pour le MCC

  • Comment le MCC peut soutenir ses membres pour soutenir ses engagements ?

Le Replus de la Table ronde ” De l’adversité à la fraternité “

Nicolas Truelle, Nathalie Becquard et Dominique Potier

Dominique Potier

Député PS de Meurthe et Moselle et agriculteur

Engagement pour réformer de l’intérieur, Défiance de l’opinion publique sur les hommes politiques ex : abstention massive aux dernières élections, montée de nouvelles formes de contestation « Choisissant le compromis de causes parfois insatisfaisantes dans des structures imparfaites »

Combat pour la loi de 2017 sur le devoir de vigilance des multinationales dont l’objectif est de créer un principe de responsabilité juridique en incluant toutes les filiales de l’entreprise et ses sous-traitants. But : lutter contre le travail des enfants et les atteintes à l’environnement

Repenser l’entreprise et en faire un objet législatif :

  • avec la codétermination : arriver à une fécondité entre les différents acteurs : ONG, syndicalistes, monde de l’entreprise…
  • RSE en certification publique

Loi adoptée in extremis en 2017 qui est en train de devenir une directive européenne (2025).

Importance des racines dans la vie personnelle : études dans un lycée agricole, famille généreuse, rencontres de jésuites. Combat singulier fruit d’une indignation issu de son expérience dans une famille de paysans. Importance du temps long lié à un territoire

La façon de faire d’une entreprise est plus importante que le fait d’être une entreprise à mission. La raison d’être doit être étayée avec une façon de faire. Piège= tomber dans la mode actuelle qui consiste à raconter une belle histoire

  • « L’horizontalité nous préserve de l’hubris. »
  • « La qualité des moyens justifie la justesse de la fin » à importance de la manière de faire, privilégier le processus
  • « La vie d’un jeune travailleur vaut mieux que tout l’or du monde »

Vérifier que l’éthique est bien le gouvernail et non un fanion pour les entreprises. « Je suis excédé par l’esprit colibri » car cela nous distrait de l’essentiel « On a besoin d’Etat, de l’UE. On a besoin de repenser le FMI et la BCE » Vœu : mouvement populaire d’éducation chrétienne pour les classes populaires. »

Nathalie Becquart

Xavière, Ignacienne, épiscopat, sous-secrétaire du synode au Vatican, 1ère femme à avoir un droit de vote

Fil rouge : la confiance peut sauver l’avenir, et particulièrement la confiance donnée aux jeunes

1ère expérience déclic : première régate en Méditerranée, en tant que skipper, lors de ses études à HEC. Un énorme mistral entraine d’importantes difficultés pour ramener le bateau de nuit. Choix et déclic de remettre toute sa confiance en Dieu que le bateau va tenir/ A l’aube, le bateau arrivera sans incident dans le port de Bandol. C’est une expérience de la Résurrection, c’est-à-dire que l’expérience est abrupte mais l’on sait que la tempête va finir.

« Avec ton équipage, mène ton bateau en mieux »

2ème expérience déclic : premier voyage à Rome lors des JMJ de l’an 2000, avec le réseau Magis. L’aller est réalisé par bateau en tant que skipper avec l’association Vis en Mer. Lors du passage du Cap Corse, un filet non signalé se prend dans le moteur. Ce voyage de 10 jours composé de 8 jeunes et d’un jésuite marquera une réelle expérience de partage et de confiance mutuelle. L’arrivée à Rome marque un avant-gout du Royaume.

Les expériences de voyage en mer sont toujours risquées mais déclenchent une solidarité très forte. Dans les bateaux de pêche, la vie est d’une grande solidarité et d’un fort soutien mutuel.

Le Christ appellera à sa suite en premier des pêcheurs Les expériences de vie en Eglise permettent de vivre Ensemble et avec une confiance mutuelle

Le principe de la synodalité est un repas, une expérience de solidarité, un voyage où l’on est tous dans la même barque. Ainsi la pandémie de la Covid-19, nous rappelle que même si le Pape se retrouve seul devant la Croix, l’ont partage un destin commun.

Saint Ignace met toute sa confiance en Dieu. Au départ pour la Terre Sainte, dans le port de Barcelone, il hésite s’il doit prendre des vivres pour le voyage. Est-ce qu’il doit prendre des gâteaux dans le cas où il y aurait des ennuis sur le voyage. Il fait le choix de la confiance et que tout se passera comme il devrait.

La synodalité est le style d’une Eglise fraternelle et de pèlerins missionnaires, marchant ensemble. On passe d’une Eglise pyramide hiérarchique à une église maté synodale et fraternelle avec l’ensemble des baptisés, pour vivre une expérience de soutien mutuel.

« La réforme de l’Eglise est une œuvre collective et une œuvre de génération » disait Yves Congard lors du Concile Vatican II. Chacun a un rôle à jouer en discernant selon nos talents et notre vocation. Nous avons à trouver les lieux et la place à laquelle nous sommes appelés. Dieu donne tojours la Grace de vivre son appel. Dans ce chemin de synodalité, nous espérons la grâce de trouver les chemins de la réforme nécessaire.

« Marcher ensemble en se transformant les uns avec les autres »

Questions :

1)    Question sur le pouvoir

Malgré une fondation sur l’Amour, l’Eglise peut entrainer le pire. Il ne suffit pas de suivre le Christ. Pour Saint Ignace, l’ennemi du chemin de la paix, de la vie, de l’amour est en nous, lorsqu’il nous arrive de nous détourner. Il ne suffit pas d’avoir un but pour que le chemin se fasse.

Ainsi l’enjeu de l’Eglise synodale, c’est que personne ne décide tout seul. Il est facile de devenir le gourou des jeunes et d’une communauté. La fertilisation croisée avec le monde de l’entreprise est tout le travail des Ressources Humaines (RH) dont l’Eglise peut s’inspirer. L’enjeu du travail est la réalisation en équipe, une gouvernance dynamique, avec des responsabilités partagées. Dans les entreprises du CAC40 les plus performantes, des femmes sont à des postes à responsabilité. L’enjeu de l’Eglise c’est d’amener de la diversité dans ses rangs, car l’on discerne mieux à plusieurs.

2)    Temps long

Nous prenons conscience que notre société est formatée sur le court-terme, la notion d’immédiat, de l’urgence. Nous avons le besoin de nous réinscrire dans le temps long. Dans notre religion, nous nous inscrivons dans le tems long, orienté vers le royaume de Dieu, l’éternité. La chrétienté est la religion de l’incarnation, soit être capable d’affronter la réalité. S’inscrire dans le temps long, pour regarder l’histoire autrement. Nous avons besoin de racines pour regarder le présent avec un horizon d’espérance.

3)    Peuple de Dieu

Pouvoir hiérarchique du Pape, des évêques et de la Magistrature

La démarche de synodalité se réalise avec l’ensemble du peuple de Dieu. Il reste un principe hiérarchique mais la seule source de pouvoir vient de Dieu. Il ne peut s’incarner en une seule personne, il faut ainsi discerner comment vivre l’autorité. Il faut ainsi équilibrer les trois sources, le clergé, le peuple et Dieu.

4)    Marques d’espérance

On peut former son cœur à l’espérance en vivant des expériences et en rencontrant des témoins. Germaine Thillon et Geneviève de Gaulle témoignent que le secret de l’espérance se trouve dans la fraternité, l’échange, la parole, le soutien même dans des lieux tels que les camps de concentration.