On se réjouit en haut lieu de la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France : à 408 millions de tonnes équivalent CO2 en 2022, la baisse est de 2,5 %.

Mais la conjoncture a été particulièrement favorable : la sobriété énergétique a été favorisée par un hiver doux, et la cherté de l’énergie pour les entreprises en a forcé un certain nombre à réduire leur production, donc leurs émissions. Mais celles-ci ont augmenté dans les secteurs des transports et de l’énergie.

La réduction doit être de 4,7 % par an sur la décennie (Haut Conseil pour le climat) pour espérer la neutralité carbone en 2050, et l’Union européenne a relevé l’objectif de réduction à 55 % pour 2030.

Nos dirigeants sont satisfaits de leur politique, avec deux lois sur l’accélération des énergies renouvelables et sur la relance du nucléaire, et des velléités de sobriété et d’efficacité énergétiques.

En classant les actions demandées par le GIEC, le développement des énergies solaire et éolienne arrive bien en tête, avec une réduction potentielle des émissions mondiales d’ici 2030 de 8,4 Gt environ (4,5 et 3,9), devant la préservation des forêts et autres écosystèmes naturels, notamment la réduction de la déforestation en régions tropicales (-4 Gt), et la séquestration du carbone en agriculture (-3,4 Gt).

Sur 7 actions proposées pour l’énergie, le nucléaire est en 6e position, à -0,8 Gt seulement.

Dans son analyse sectorielle, le GIEC évalue que le secteur le plus émetteur en 2050 serait celui de l’agriculture-alimentation... alors qu’on y prête peu attention. Notre politique fait l’impasse sur une action d’importance : changer le système agricole et alimentaire. Pas qu’en France, d’ailleurs, c’est un peu général.

Viennent ensuite l’électricité, puis l’industrie, le bâtiment et le transport. Le potentiel de réduction pour ces 5 secteurs est estimé respectivement à 44 %, 73 %, 29 %, 66 % et 67 % (voir le rapport de synthèse du GIEC/IPCC, résumé pour les décideurs, p. 28).

Rappelons qu’une politique ambitieuse de sobriété, à tous les niveaux, particuliers, collectivités, entreprises, permettrait, selon le GIEC, une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici 2050, Il faudrait donc que la France s’y engage résolument… le GIEC précisant que les secteurs énergie, transports, bâtiment, alimentation et industrie offrent le plus grand potentiel de réduction des émissions du côté de la demande.

Le GIEC demande avec la plus grande fermeté aux décideurs politiques et économiques de mettre en œuvre des actions efficaces pour réduire drastiquement les émissions. Il en liste 31. Certes, il y a bien des entreprises, des collectivités, qui œuvrent en ce sens, mais il faut faire beaucoup plus ; et les gouvernants sont à la traîne.

La France coche peu de cases sur les 31, mais, toutefois, la plus importante : le développement des énergies solaire et éolienne… avec des moyens nettement insuffisants du fait des investissements importants décidés pour le nucléaire.

Jean-Marie Patoureaux, équipier Manosque CCFD 04