Deux termes que tout pourrait opposer ; et pourtant, le sentiment d’urgence écologique et le désordre naissant des bouleversements du climat appellent une vision de long terme, un effort de clarté et d’organisation parfois sous-estimé ces dernières années. La « planification » n’a pas bonne presse, néanmoins, tous les pays du monde cherchent à se préparer aux changements à venir en mettant en place des plans et des méthodes d’anticipation et d’orchestration des acteurs. En France, la création d’un Secrétariat général à la planification écologique à partir de fin 2022 est venue traduire cela dans les faits.

Tout d’abord, fixer un cadre d’action clair et prévisible permet aux entreprises comme aux gestionnaires de fonds et aux banques de réorienter les capitaux vers les investissements d’avenir pour la décarbonation, l’évolution des usages ou encore l‘économie circulaire.

Il existe une conscience claire qu’il faut transformer profondément l’agriculture, les transports, l’industrie, les modes d’habiter, pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais de quelle façon chaque secteur peut-il contribuer à l’objectif général (baisse de 55 % d’ici 2030) ? Comment réussir la relocalisation industrielle et soutenir les secteurs d’avenir (énergies renouvelables, véhicules électriques, nouveaux matériaux…) ? Un travail fin d’identification a donc été engagé pour construire une trajectoire crédible, secteur par secteur, dans laquelle chaque acteur sait que sa mobilisation ou son effort coordonné va réellement servir l’objectif commun.

Chaque domaine (par exemple la forêt, l’eau, la production d’énergie…) fixe des objectifs de baisse d’émission de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique ; il définit une liste d’actions concrètes à mener, avec un calendrier et des moyens, éventuellement les freins à lever. L’anticipation porte également sur les besoins en formation et en reconversion pour les futurs métiers et compétences.

La déclinaison est également territoriale, la transition écologique ne pouvant se faire qu’en coconstruisant avec les collectivités territoriales qui ont la main sur les politiques locales. Ce beau programme n’est pas seulement beau mais indispensable… Pour sortir de l’éco-anxiété, une nouvelle version de l’adage : « gouverner, c’est prévoir ».

Mireille Viora, comité de rédaction