Mgr Pierre-André Dumas, évêque à Haïti d’Anse-à-Veau et de Miragoâne, a été victime, dimanche 18 février, « d’une explosion qui atteint la maison où il est hébergé pendant son passage à Port-au-Prince ». Le vice-président de la Conférence épiscopale avait osé critiquer le premier ministre d’Haïti. Cette prière a été écrite par le supérieur de la communauté jésuite de Port-au-Prince. Elle évoque la manière dont le Christ ressuscité présente son corps blessé aux premiers apôtres.

 

Notre monde est blessé et déchiré par la guerre

L’humanité est blessée par l’égoïsme et l’indifférence

Notre peuple est blessé dans son histoire, dans son corps et dans son âme.

Monseigneur Dumas porte aujourd’hui dans son propre corps et dans son âme

Les plaies du corps du Christ qui continue de s’incarner dans le corps concret de notre peuple

Corps déchiré

Corps déchiqueté

Corps meurtri

Corps agressé, violé, puis exposé

Corps haché, jeté en pâture – quand ce n’est pas simplement brûlé

Corps humilié et méprisé !

C’est le corps de chaque Haïtien, de chaque Haïtienne

C’est le corps de l’Église

C’est le corps social

C’est le corps de tout un peuple, le peuple des souffrants, des malheureux, des miséreux, des affamés, des sans-abris, des kidnappés, des déportés, des déplacés et des apatrides

Le corps du peuple errant hagard, en marche, en course dis-je, en pèlerinage

On dirait le corps du Christ

L’holocauste de Monseigneur servira de baume pour la guérison de l’âme du monde et la libération de notre peuple !

Reviens-nous vite Monseigneur car la voix prophétique doit encore et encore retentir dans les lieux arides et désertiques de notre société !

Qu’elle continue de crier au creux du cynisme de nos pathétiques dirigeants qui ont longtemps rompu avec le noble sentiment de la honte qui faisait la fierté du paysan de jadis dont vous et moi sommes de dignes fils.

Alors et alors seulement ce corps, même modifié ou greffé, se reprendra à danser à virevolter et à faire vibrer, renouant avec sa souplesse, sa fermeté et sa beauté d’antan ;

Au son du tambour de l’amour et de la solidarité dont seul l’Haïtien possède le vrai secret ;

Torse nu, tout en sueur, saisissant l’harmonie que dégage l’âme du monde et s’emparant de l’ensemble de nos corps dans ce tourbillon de rêves qui est promesse d’une humanité nouvelle, promesse d’éternité.

Père Saint-Félix, sj

PS : en avril, le pape François demande de prier pour la dignité des femmes (vatican news).

Basilique Saint François d’Assise – Musée des trésors, collection Perkins.