« Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ». Pour leur halte spirituelle du 9 mars, les équipiers d’Alpes-Maritimes ont choisi d’entrer en Carême à la suite de saint Paul. Une vingtaine d’entre eux se sont retrouvés au sanctuaire Notre-Dame de Laghet.

Nous avons réfléchi et partagé en équipes autour de 4 aspects de la fragilité :

– elle est constitutive de notre humanité, comment l’accueillir plutôt que la combattre?

– comment vivre celle qui résulte des « accidents » de notre vie ?

– la fragilité en milieu professionnel

– la dimension écologique

La fragilité fait peur, et comme l’a souligné Mgr Guy Terrancle, ancien conseiller ecclésiastique de l’ambassade de France près le Saint-Siège (de 1990 à 2002) et ancien vicaire général du diocèse (de Nice de 2004 à 2012) dans son enseignement, « cette parole de Paul va à l’encontre de la vie et de la société ». Elle est difficile à entendre quand nous sommes en situation de faiblesse. Pourtant dans toute la Bible, la faiblesse est le lieu où Dieu s’exprime, Il s’occupe des faibles, et ne choisit que des humbles pour se manifester. Pour une relation de vérité, nous devons apprendre à nous accueillir fragiles en réciprocité : « j’existe parce que j’ai besoin de toi ». La vulnérabilité renvoie à l’état du guerrier qui a déposé son bouclier : ni blessé, ni sur la défensive, mais exposé. En écoutant l’autre, en baissant la garde, acceptons de nous laisser transformer par la relation. Se livrer, s’abandonner, cela fait grandir l’amour ou l’amitié : la faiblesse permet la rencontre, elle permet aussi de laisser la place à la grâce de Dieu dans nos vies.

Si la réussite est notre seul objectif, nous ne supporterons pas les échecs. Mais si nous marchons avec le Christ, les épreuves que nous rencontrons ne nous détruisent pas. Elles peuvent nous rendre plus humains, plus fraternels. Dans le milieu professionnel, où l’objectif est la réussite, « dans une culture d’invulnérabilité et de toute-puissance » (cf. Luc Pouliquen, responsable des risques psychosociaux dans un grand groupe industriel, dans Responsables n° 441, p20-21. Le dossier avait pour thème « Invulnérables ? Accueillir la fragilité, un chemin vers la joie »), cela se traduit souvent par le refus de regarder les erreurs et d’en tirer les leçons : en accompagnant les personnes, en acceptant nos propres difficultés, et en travaillant à résoudre collectivement les problèmes nous pourrons sortir de ces impasses et transformer la fragilité en force dans l’action communautaire.

Isabelle Vela, équipière à Nice