Installée à Londres depuis 15 ans, Laure a vécu très concrètement les conséquences du Brexit – alors même qu’il n’a pas encore eu lieu – sur la vie de son couple et de ses enfants. Son entreprise a été relocalisée à Amsterdam. Elle a su gérer dans de bonnes conditions la mobilité de sa famille malgré le stress induit, grâce au support de son employeur. Cependant les conséquences sociales, scolaires, affectives, sont loin d’être négligeables.

Le résultat du référendum britannique de juin 2016 a fait l’effet d’une douche froide. Personne parmi les expatriés vivant à Londres ne s’y attendait. Aujourd’hui, ceux qui travaillent surtout en lien avec l’Europe savent qu’ils devront probablement partir, ceux qui sont tournés vers l’ensemble du monde peuvent espérer rester et paraissent supporter mieux la situation. Pour tous, la lassitude due à l’attentisme aura été considérable.

La nécessité de relocaliser l’entreprise sur le continent s’est imposée très tôt. Mais le choix des Pays-Bas n’a été décidé qu’en novembre 2017. Ces 18 mois d’incertitude ont pesé sur le moral. Toutefois Laure, en accord avec son conjoint, a vite écarté l’option de quitter l’entreprise pour un autre job, en raison de l’intérêt et de la spécificité de son travail.

Le choix d’Amsterdam fut un soulagement pour eux. Cependant les préparatifs du déménagement ne furent pas faciles. Ils ont dû perdre un réseau relationnel et amical solide, abandonner une organisation scolaire de grande qualité pour leurs enfants, vendre leur logement, bref quitter une ville où ils se plaisaient vraiment. L’entreprise a accompagné efficacement ses collaborateurs pour les questions, y compris financières, liées au logement, pour la recherche des établissements scolaires, en apportant de la souplesse dans la gestion du travail, le recours au télétravail notamment dans l’année scolaire 2018-19 encadrant le déménagement effectif de l’entreprise, pour éviter aux familles de bouger en cours d’année.

Après quelques mois d’adaptation, Laure tire un premier bilan plutôt positif. Pour que les enfants restent dans le système scolaire français, le couple a fait le choix d’habiter La Haye plutôt qu’Amsterdam, avec pour conséquence 2h30 de transport par jour pour elle, soit plus de temps qu’à Londres mais avec des conditions de confort sans comparaison. Son conjoint a pu retrouver rapidement un job comparable au précédent. Mais ils ont à recréer entièrement les conditions de leur vie personnelle et manquent de disponibilité pour le faire. Leurs enfants, quasiment bilingues, s’intègrent plutôt bien tout en exprimant la nostalgie de leur environnement anglais. Ils acquièrent de l’autonomie et profitent d’une meilleure qualité de vie dans une plus petite ville.

Propos recueillis par Christian Sauret