Jean-Claude Eloundou, camerounais d’origine, est ingénieur financier, actuellement actuaire à la Commission européenne (Eurostat). Son livre, à la fois objectif et militant, sans complaisance, nous fait plonger dans l’histoire économique, sociale et politique de l’Afrique, depuis 1960, année où l’indépendance des États africains s’est accélérée.

Son livre commence par le rappel des conditions de la décolonisation, avec le rôle ambigu des puissances coloniales, et notamment de la France. Alors que certains leaders africains poussaient l’idée du panafricanisme, la France a largement soutenu les dirigeants acceptant des compromis dans laquelle celle-ci cherchait à préserver ses positions.

Mais l’auteur ne fait pas des anciennes puissances coloniales le seul responsable du retard actuel de l’Afrique dans la plupart des domaines. Prenant la forme d’un dialogue avec un interlocuteur fictif, – ce qui contribue à le rendre vivant – le livre interroge les différents niveaux de responsabilité dans les peuples africains eux-mêmes : les dirigeants, leurs entourages, les parlements, les partis, les chefs de tribu, les religieux, chaque habitant.

Jean-Claude Eloundou ne cherche pas à condamner, ni à distribuer des bons points ; il veut d’abord éveiller les consciences et en appelle à un réveil dans ces pays dont beaucoup disposent de nombreux atouts.

Puis le livre ouvre sur des perspectives positives, avec l’analyse de trois cas de pays qui ont su créer les conditions d’un vrai développement continu depuis 60 ans. Le Botswana, Maurice et, à titre de comparaison, la Corée du Sud. En 1960, ces trois pays faisaient partie des 20 plus pauvres de la planète.

Certes, des trois, c’est la Corée du Sud qui s’est développée le plus vite, fortement soutenue dans son expansion par les États-Unis pour des raisons stratégiques.

Mais le Botswana et Maurice ont aussi réussi à mixer la plupart des ingrédients nécessaires à un développement harmonieux : une gouvernance démocratique, sans copier les démocraties occidentales, et la prévention de la corruption ; le développement de l’éducation et de la santé, ainsi que des infrastructures ; une économie qui a su dépasser la seule production de matières premières et fondée sur des dispositifs gagnant-gagnant.

En conclusion, à partir de ces deux exemples africains, l’auteur décrit un projet de développement fondé sur une approche globale, dans laquelle la dimension humaine est centrale.

Arnaud Laudenbach

Afrique : ton développement en question / Jean-Claude Eloundou/ L’Harmattan/ 2020 / 288 pages – 31 €.