Le 31 mars, une première rencontre Zoom a fait dialoguer huit soignants, médecins, dentistes, infirmier, exerçant en Bretagne, en Île-de-France, dans le Grand Est ou encore à Lyon. Elle a permis de partager inquiétudes, préoccupations, espoirs, et de constater les convergences entre professionnels différents par leurs métiers ou leur origine géographique.

Quelles inquiétudes ? Pas tant pour soi que pour sa famille et surtout pour les patients dont ils ont la charge. Ces patients sont hospitalisés avec des fragilités qui feront retarder une chimiothérapie prévue, ou renoncer à une réanimation, trop risquée, si leur état se dégradait. Les soins dentaires en cours ont tous été brutalement interrompus, source d’inquiétude particulièrement pour les enfants. Selon les établissements une aide de psychologue a pu être proposée, bienvenue.

Les effets constatés du confinement sont divers. Dans les milieux défavorisés ou les familles fragiles, auxquels tous sont plus ou moins confrontés, la crainte concerne l’accentuation des violences familiales et l’interruption des actes de santé publique (vaccin, hygiène…). Pour ces publics la sortie du confinement sera particulièrement délicate avec des besoins majeurs de soins de santé, médicaux ou socio éducatifs (enfants de l’Aide sociale à l’enfance ou ASE) à rattraper. Quelles seront alors les capacités des structures sociales, celles d’aides scolaires, pour répondre à ces besoins des milieux défavorisés ? Certains s’interrogent sur l’adéquation de la gestion répressive du confinement à la réalité des conditions de vie de certains milieux.

Des changements sont déjà constatés : redécouverte de l’importance d’une consultation en tête à tête quand la téléconsultation est la seule possible ; découverte des « autres », métiers ou équipes dans l’hôpital du fait des adaptations ou déplacements imposés par l’urgence. Le partage d’une même expérience renforce un sentiment de solidarité entre soignants de métiers différents, une appartenance à un service public que la population gratifie. Mais quelle sera la durée de ces attitudes et les politiques garderont-ils l’oreille attentive aux demandes des professionnels de santé concernant les besoins de ce secteur ?

Mathieu Monconduit, animateur de la réunion