Parce que tout se chiffre et se met en équation dans nos sociétés (annuités de cotisations retraite, calories dans nos assiettes, etc.), Jean-Noël Bezançon s’interroge : et si Dieu tenait aussi des comptes ? Et si notre vie était une vaste feuille excel avec des actes à retrancher ou ajouter selon les cas, dont Dieu serait le céleste contrôleur de gestion, à tout le moins le juge pointilleux ?


L’auteur, curé dans le Val de Marne et auteur d’ouvrages au titre évocateur (Dieu n’est pas bizarre en 1996 et Dieu n’est pas solitaire en 2000), ne s’y résout bien évidemment pas. Pointant chaque fois la prodigalité du Seigneur, il conte son inépuisable générosité : « Si tu savais le don de Dieu… ». Et chaque fois, au creux du manque, rappelle que Jésus suscite la surabondance (pêche miraculeuse, noces de Cana, etc.).

La preuve que Jésus ne compte pas ? Judas reste à jamais, au-delà de sa trahison, « l’un des Douze » : ce n’est pas parce que la Parole en lui fut ainsi dénaturée que Jésus n’a pas tenté de la lui proposer et son choix initial en Jésus demeure son identité, le salut auquel il pourra toujours se raccrocher.

Autre exemple, le mystère de la Trinité : trois en Un ? Trois pour Un ? Un pour trois ? Non, l’Esprit surgit de la communion du Père et du Fils et ainsi dans le troisième s’amorce la multitude.

Encore un exemple ? Dans la parabole de la brebis perdue et retrouvée, Jésus laissant les 99 brebis, part à la recherche de celle qui est perdue, en dépit de tout bon sens mathématique…

Cette arithmétique déployée au fil des pages n’est qu’un prétexte pour montrer, s’il le fallait, l’Amour du Père pour chacun d’entre nous. Voici un court ouvrage qui réconciliera les plus rétifs aux maths avec les chiffres tout simplement parce que Dieu n’est pas regardant et sème sans compter pour la multitude.

Marie-Hélène Massuelle

Dieu ne sait pas compter

Jean-Noël Bezançon, Presses de la Renaissance 2011, 126 p. – 12,90 €