« Au nom de la terre » est un film dur sur un thème tragique : celui de la désespérance d’un agriculteur qui illustre bien les grandes difficultés des paysans du monde moderne. Son réalisateur, et scénariste, est un fils d’agriculteur qui raconte son histoire, et plus précisément celle de son père exploitant agricole, près de Poitiers, qui sombre dans la dépression, jusqu’à commettre l’irréparable, à l’aube du 21ème siècle, à l’âge de 45 ans. Le film se termine par le passage d’images réelles de la victime, à une fête de village, renforçant ainsi son caractère émouvant, humain et particulièrement réaliste.
Tous les défis de la vie agricole y sont abordés : les dettes, la chute des cours, la solitude… Plus spécifiques au contexte : le regard d’un père trop assis sur ses certitudes, se refusant d’admettre la faiblesse ou la maladie de son fils, un voisinage qui pourrait être parfois mieux veillant, les aléas de la vie illustrés par l’incendie du bâtiment d’élevage, la maladie professionnelle… Quelques beaux aspects sont par ailleurs valorisés comme la solidarité familiale, l’amour du métier jusqu’à l’épuisement, l’affection d’une femme qui va porter l’agriculteur jusqu’au bout de ses forces malgré l’impact de la maladie sur le couple et les enfants…
Au nom de la terre connaît un grand succès depuis sa sortie. En un mois ce sont environ 1,4 million de spectateurs qui sont allés le voir. Une belle récompense pour Edouard Bergeon qui avait déjà abordé ce sujet dans un documentaire en 2012 intitulé « Les fils de la terre » mais passé beaucoup plus inaperçu.
Antoine de Montety, équipier à Bordeaux
« Au nom de la terre », Edouard Bergeon, 1h44. En salle depuis le 25 septembre. Sortie DVD le 4 février 2020