Mgr Jean-Philippe Nault, évêque de Digne, nous livre son expérience des cinq ans déjà passés dans ce département des Alpes de Haute-Provence. Il parle avec passion et sensibilité de ce territoire de vie, de ruralité profonde, où les échanges entre les vallées sont malaisés. Le diocèse est pauvre, peu peuplé et le repli de la pratique religieuse est, de ce fait, particulièrement crucial. Mais son témoignage s’adresse à tous, puisque partout l’Église est appelée à poursuivre sa mission dans un contexte difficile, marqué par une grande pauvreté de moyens.
Le déplacement de l’évêché et des services diocésains dans une ancienne demeure rurale, plus accessible depuis les diverses vallées, a été décidé comme une opportunité de vivre autrement les relations au sein du diocèse, pas simplement matériellement, mais spirituellement.
Derrière ce projet, qui est un point de départ et pas un point d’arrivée, Mgr Nault nous présente la vision d’une Église « désencombrée ». Renoncement à des habitudes, audace pour trouver de nouvelles formes pastorales. Occasion aussi de réfléchir aux objectifs de subsidiarité et de synodalité, tout en rappelant que « là où est l’évêque, là est l’Église ».
La pastorale de Mgr Nault est assise sur cinq essentiels qu’il rappelle plusieurs fois dans le livre : vie de prière, vie fraternelle, formation, souci des plus pauvres et du service, et souci de l’évangélisation.
Sans sous-estimer les obstacles de toutes sortes, Mgr Nault met en lumière quatre sources d’espérance : la Miséricorde divine qu’il nous invite à accueillir avec émerveillement, avec une longue référence à l’apport de sainte Faustine ; la vraie place des pauvres au cœur de notre vie ecclésiale ; l’écologie intégrale où nous pouvons rejoindre les préoccupations de beaucoup, tout en affirmant les fondements spirituels de notre engagement, et, enfin, la beauté, particulièrement dans la liturgie, moyen privilégié de toucher le cœur des hommes.
Le lecteur trouvera dans ce livre court, matière à poser les questions différemment, à oser retrouver le plus fort de la tradition de l’Église, par exemple dans les références au curé d’Ars, grand inspirateur de Mgr Nault, tout en l’ouvrant sur le monde d’aujourd’hui.
Arnaud Laudenbach
