Ce petit ouvrage d’une centaine de pages, au titre un peu accrocheur, offre le résultat d’un programme de recherche sur « le capitalisme de plateforme et ses impacts sociaux », interrogeant les incidences de ce qu’on appelle maintenant l’ubérisation de l’économie.
Cinq chapitres permettent d’approcher le sujet en interrogeant l’usage des termes « économie collaborative » et « économie de partage », ou bien les microtravailleurs avec la marchandisation du temps hors travail ou des loisirs, ou encore en étudiant les mouvements de contestations des chauffeurs de VTC apparus les années passées. Un dernier chapitre s’intéresse aux régulations juridiques de ces nouveaux acteurs économiques. Chaque chapitre est rédigé dans un style académique universitaire qui, sans être trop jargonnant ni abscons, a le défaut inhérent à ce style de contribution de s’appuyer sur de nombreux ouvrages ou articles afin d’étayer son propos, sans que cela soit pour autant rébarbatif. L’avantage de l’exercice est d’offrir cinq points de vue différents et bien documentés à l’instar d’un mini « Que sais-je ? » dans un style clair et accessible. Ainsi, moins connue du grand public que l’ubérisation par exemple, la présentation du crowdsourcing est particulièrement intéressante nous faisant entrer dans le monde des tâches non qualifiées réalisées chez soi pour un salaire de misère, soulevant des questions éthiques et légales d’emploi masqués, mais aussi celle de marchandisation du temps des loisirs.
Pour résumer, cet ouvrage est une bonne occasion de faire le point sur la question du capitalisme de plateforme. Cela dit, un lecteur régulier de la presse économique n’y trouvera peut-être pas d’éléments radicalement nouveaux.
Père Grégoire Le Bel s.j., aumônier d’équipe
Les nouveaux travailleurs des applis, Sarah Abdelnour, Dominique Méda, PUF, 120 pages, 2019, 9,50 €