Élu très jeune conseiller municipal, François Brière, 46 ans, est né à Saint-Lô. À la fin de ses études à Sciences Po Paris en 1998, il s’inscrit à une session « Politique, une bonne nouvelle » juste après son admission au concours des directeurs de prison. Il réalise cet été-là que l’engagement politique n’est pas incompatible avec une vie professionnelle. Reconnaissant qu’il n’avait pas forcément la vocation d’être élu au départ, il envisage néanmoins la possibilité d’inverser ses priorités. Commence alors une période « entre les deux », où il mène de front carrière professionnelle (14 mois directeur de prison à Fresnes puis professeur vacataire permanent au Centre national de la Fonction Publique territoriale) et engagement politique local puis départemental croissant jusqu’en 2014, début de son quatrième mandat municipal, le premier comme maire.

Réduisant progressivement son activité professionnelle, il s’investit plus au Conseil général dont il est élu depuis 2004 ; il devient vice-président chargé de la commande publique puis, en 2017, des finances. François Brière, candidat aux municipales en 2020 pour un nouveau mandat, est maintenant père de trois enfants ; il est conscient qu’être maire n’est pas un métier, que cela peut toujours s’arrêter et ne mène pas forcément à la retraite. Il n’aime pas trop en parler, sachant qu’il n’est pas facile de réintégrer une administration qu’on a quittée.

La Manche, son département de naissance, a vu ses parents issus du monde agricole de la région d’Avranches « monter » à Saint-Lô en 1967 pour y rester. La ville, rasée le 6-7 juin 1944, vient, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération, d’être consacrée « capitale » de la reconstruction.

Aujourd’hui le défi de cette commune de 20 000 habitants, c’est la poursuite de l’embellissement du centre et de la mise en conformité de l’habitat avec les normes énergétiques et juridiques de notre époque. Le projet est mené en lien avec la communauté d’agglomération (63 communes et 97 élus) et fait collaborer acteurs privés et publics. En poursuivant la modernisation de l’habitat et des infrastructures, scolaires notamment, il encourage le retour des jeunes familles un temps séduites par les communes périphériques.

Le maire de Saint-Lô, chrétien affiché, reconnaît vivre de façon parfois complexe, la tension entre le message évangélique et les réalités du terrain à l’heure des réseaux sociaux, des gilets jaunes et de la laïcité à la française. « Dans le monde et hors du monde » comme tout chrétien, il a besoin, avec sa femme médecin hospitalier, de lieux pour prendre du recul et « discerner ». Il rejoint par là un certain nombre d’élus animés par les mêmes questions et soumis aux mêmes défis.

Solange de Coussemaker