Chacun sait que le dérèglement climatique et la perte de biodiversité constituent les deux plus graves menaces pour l’humanité en termes d’atteinte à l’environnement. Le modèle agricole mondialisé dominant, ou plus exactement le système alimentaire et agricole pris dans sa globalité, en est le premier contributeur.
Ainsi émet-il plus du tiers des gaz à effet de serre (GES) mondiaux, principalement par la déforestation, l’élevage et les engrais azotés. En France, il représente 31,4 % des émissions nationales (agriculture 19,4 % + industries agroalimentaires 12 %), devant les transports (30,8 %). Concernant la biodiversité, la déforestation est l’un des principaux responsables, ainsi que les pesticides pour les insectes. Pour ces raisons, en plus des dégâts considérables qu’il cause aux petits paysans des pays du Sud, le système alimentaire et agricole doit être changé.
La modification de nos comportements alimentaires favorise ce changement de système et la conversion à l’agroécologie. Les distributeurs sont sensibles à l’évolution de la demande et la font remonter à leurs fournisseurs et in fine aux producteurs. Deux exemples peuvent nous en convaincre : la mention valorisante « garantie sans huile de palme », et le développement de l’agriculture biologique boostée par la demande (+ 13 % par an). Il nous faut donc envoyer des signaux négatifs pour les productions néfastes pour l’environnement. En premier lieu, pour la biodiversité, celles responsables de la déforestation, comme l’huile de palme mais surtout le soja importé d’Amérique du Sud pour nos élevages industriels. Concernant les pesticides de synthèse seule l’agriculture biologique garantit leur non-utilisation.
Voyons maintenant le problème du réchauffement climatique. Pour combattre la déforestation encore, il vaut mieux éviter les productions d’élevages industriels (viande, mais aussi lait et œufs) et suppléer avec des légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches, pois cassés…).
Contre l’usage des engrais azotés, préférer l’agriculture bio qui ne les emploie pas.
En matière d’élevage, ce sont surtout les ruminants qui sont visés pour leurs émissions de méthane. L’immense majorité des publications conseille donc de manger moins de viande, surtout de bœuf et d’agneau. C’est sans compter sur l’effet positif de la séquestration du carbone dans les sols enherbés qui compense l’effet négatif des émissions de méthane (selon une étude de l’Institut de l’élevage français). Les productions d’herbivores disposant d’une surface en herbe suffisante sont écologiquement plus vertueuses que celles des élevages industriels.
En sus des émissions de GES (EGES) de l’agriculture (env. 25 % des EGES mondiales), il convient de considérer les EGES en aval, qui en représentent environ la moitié, car c’est l’ensemble du système alimentaire et agricole qui est en cause. Par ordre d’importance, notons la transformation et l’emballage, le transport, la chaîne du froid et la vente au détail, les déchets.
Jean-Marie Patoureaux, ingénieur agronome, équipier à Manosque, représentant MCC au CCFD-Terre Solidaire
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